Le 22 octobre 2025 – L’ouverture des économies suisse et romande a été synonyme de succès économique depuis le début du siècle, comme l’avait notamment rappelé la précédente édition de l’étude sur le PIB romand («Deux décennies exceptionnelles pour la Suisse romande»). Malgré leur résilience ces 20 dernières années, grâce à des produits à haute valeur ajoutée et à la robustesse de la demande intérieure, cette ouverture les expose aussi aux aléas de la conjoncture mondiale et aux effets des politiques protectionnistes. En raison de son impact, le changement de la politique commerciale américaine constitue ainsi un point d’inflexion sur le plan global.
Alors que les États-Unis ont soutenu la croissance mondiale ces dernières années, ils devraient, eux aussi, connaître un tassement de l’activité. Le manque d’élan de la conjoncture mondiale devrait donc se prolonger, contribuant également à l’abaissement des prévisions pour la Suisse et la Suisse romande. Le Secrétariat d’État à l’économie (SECO) attend pour 2025 une croissance de 1,3% dans le pays. La demande intérieure demeure solide, tandis que les stocks constitués aux États-Unis et le recours au chômage partiel dans certains cas permettent de contenir, au moins partiellement et provisoirement, les effets de la hausse des taxes à l’exportation sur le marché américain. Si celles-ci sont maintenues à leur niveau actuel, l’impact sera pleinement sensible en 2026: le SECO table sur un ralentissement de la croissance à 0,9% l'an prochain. Les perspectives pourraient toutefois s’améliorer en cas de résultat positif des négociations avec Washington.
Spécialités romandes: horlogerie, café ou medtech
Les droits de douane américains rendent plus difficile l’accès à un marché qui est le premier débouché des exportations de biens suisses (16,8% en 2024, selon le total général publié par l'Office fédéral de la douane et de la sécurité des frontières, OFDF) et romandes (19,4%). Compte tenu des exemptions de taxes sur les produits pharmaceutiques et les lingots d’or, en vigueur à la mi-octobre, la taxe douanière moyenne peut être estimée à 19,3% pour les produits suisses entrant aux États-Unis. Cela reflète notamment la part importante des produits pharmaceutiques (37,8%) et des métaux précieux (26,3%) dans les exportations helvétiques.
À 24,6%, la taxe douanière moyenne pour les produits romands est plus élevée, en raison d’une part des produits pharmaceutiques (20,0%) plus basse et d’un poids de l’horlogerie (26,2%) plus élevé qu’en moyenne nationale (6,7%). À cela s’ajoutent des spécialités, telles que la medtech (3,6% des exportations romandes, contre 2,9% sur le plan national) et les produits dérivés du café et du thé (3,1%, contre 0,8%).
Différences d’un canton à l’autre
D’un canton romand à l’autre, il y a des différences assez importantes. Les taxes douanières moyennes sont au-dessus de du chiffre suisse pour le Jura (34,0%), Vaud (32,0%) et Fribourg (31,1%), ainsi que pour Genève (26,2%) dans une moindre mesure. À l’inverse, le Valais et Neuchâtel se distinguent par une part élevée des produits pharmaceutiques dans leurs ventes sur le marché américain; la taxe moyenne sur les marchandises entrant aux États-Unis n'est que de peu au-dessus de la moyenne nationale pour le premier (22,7%), et au-dessous pour le second (17,7%).
L’importance du commerce extérieur et l’impact des tensions commerciales ne sont pas les mêmes pour tous les cantons. Ainsi, le rapport entre le montant des exportations de biens et leur PIB est particulièrement élevé pour le Jura (78,1%) et Neuchâtel (118,2%). Il est proche de la moyenne suisse (46,6%) à Genève (48,2%) et sensiblement en dessous dans les cantons de Fribourg (24,1%), du Valais (21,5%) et de Vaud (22,6%).
Les autres débouchés: zone euro en tête
Le monde ne se limite toutefois pas aux États-Unis. Leur premier rang en tant que débouché des exportations suisses et romandes s’applique à un classement par pays. En revanche, si l’on considère les régions économiques, la zone euro est la première destination des exportations suisses et romandes (respectivement 37,4% et 31,1%). Des pays comme l’Allemagne (11,4% et 7,4%), l’Italie (6,2% et 4,8%) ou la France (4,7% et 10,8%) restent des partenaires importants.
Hors zone euro et Union européenne, le Royaume-Uni fait partie des dix premiers marchés étrangers des entreprises suisses et romandes (5,0% et 6,8%). L’Asie (sans le Moyen-Orient) est également une destination clé (26,6% et 28,0%), plus même que les États-Unis. Si ces derniers sont depuis longtemps un marché important pour les exportateurs de notre pays ou de notre région, ils le sont devenus plus encore ces dernières années, sur fond de faiblesse de la conjoncture en Europe ou en Chine. La plupart des catégories de produits manufacturés ont bénéficié de ce développement et les principaux contributeurs à la hausse sont les produits pharmaceutiques.