Pour anticiper au mieux les évolutions que connaissent leurs clients et leur territoire, les conseillers PME de la BCV rencontrent régulièrement des acteurs d’une branche ou d’un secteur. En juin dernier, ils ont ainsi débattu autour des difficultés que connaît l’industrie, et évoqué le défi de l’innovation, avec les représentants de Swissmem et d’Innovaud.
Investir dans de nouveaux processus ou de nouvelles machines est aujourd’hui un choix difficile. Le secteur de l’industrie notamment, connaît des défis multiples: force du franc, faiblesse du marché européen, concurrence globalisée, marges érodées depuis trois à quatre ans. «Selon un sondage interne, 63% des entreprises de la branche s’attendent à une baisse de marge de 4%, et un tiers s’attendent à faire des pertes opérationnelles en 2015. Innover devient donc un pas que les entreprises hésitent à franchir. Mais nous y sommes condamnés», a insisté Philippe Cordonier, représentant romand de Swissmem, organisation faîtière de l’industrie des machines.
Des entreprises difficiles à atteindre
Dans le canton de Vaud, Innovaud a pour mission de «traduire l’innovation en valeur économique», c’est-à-dire «créer des produits et des services concrets», rappelle son directeur Patrick Barbey. Si elle est souvent associée aux start-up, la plate-forme n’en délaisse pas pour autant les PME. Cependant, contrairement aux jeunes pousses, ces dernières sont parfois difficiles à atteindre. «Les petites entreprises sont assez secrètes», remarque le directeur de la structure. «Elles n’ont pas le temps pour échanger ou se renseigner, et pensent que personne ne peut les aider», explique le directeur. Un constat partagé par les conseillers entreprises de la BCV. «On trouve souvent des PME existantes confrontées aux mêmes difficultés. Peu structurées, elles ont un Conseil d’administration peu ou pas étoffé. Le patron, au four et au moulin, se retrouve seul à tout gérer. Il n’y a pas grand monde pour lui donner un coup de main, l’aider à envisager les problèmes différemment. Notre rôle est de conseiller sur le plan bancaire, mais par expérience nous savons aussi challenger le client, remettre certaines de ses idées en question pour l’aider dans ses choix stratégiques….Cela nous importe autant de sauvegarder des emplois existants que d’en créer de nouveaux», témoigne Jean-Daniel Gebhard, responsable PME pour la région de Nyon.
L’atout du coaching
Parmi les différentes techniques de soutien pratiquées par Innovaud -hébergement, financement, accompagnement, promotion- toute une série est destinée aux entreprises déjà installées. En particulier l’accès au réseau de coaches Platinn.ch, souligné par tous les participants. Cette aide est notamment destinée aux entreprises souhaitant une réorganisation interne ou renouvelant leur outil de production. «Nous travaillons avec eux depuis deux ans, ils nous ont aidé dans la rédaction de nos contrats, un autre coach a géré tout notre processus de certification ISO 9001. C’est une aide très flexible que je recommande pleinement» témoigne François Randin, CEO de Greenmotion, concepteur de systèmes de recharge pour véhicules électriques, basé à Bussigny.
Ce dernier en détaillant le développement de son entreprise, a souligné la difficulté des PME à vocation industrielle à obtenir des financements à différents stades de leur développement. «Je suis devenu un mendiant professionnel», a-t-il plaisanté, avant d’expliquer qu’aujourd’hui, l’enjeu face aux investisseurs était de garder une partie de la production des composants sur le sol suisse.
Plusieurs aides sont aujourd’hui disponibles au niveau fédéral, ont rappelé Patrick Barbey et Philippe Cordonier, notamment le développement d’un fonds dédié à l’industrie, le Swiss industry Fund. Reste que «les entreprises suisses sont condamnées à faire de la qualité, à avoir des fonctionnalités meilleures que les autres, à être plus rapides et proposer un véritable service au client. C’est une fuite en avant, mais pour cela il faut innover et investir», a conclu Philippe Cordonier.
Chiffres-Le secteur MEM
CA: 85MM (22MM industrie horlogère)
80% de la production est exportée dont 60% dans la zone euro
330 000 collaborateurs (chiffre stable dont horlogerie)
Exportations:
- Chimie et pharma: 40%
- Industrie: 32%
- Horlogerie: 11%
Zones d’exportations: surtout UE dont l’Allemagne (26%), beaucoup de sous-traitance pour l’automobile. 12 à 15% aux USA, mais il faut établir des contacts sur le long terme.