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Une première suisse à 0%

  • La Banque nationale suisse a procédé à une nouvelle baisse de taux en juin.
  • Les prévisions économiques ont été révisées à l’aune du recul attendu des exportations.

La publication d’une inflation négative en mai avait fait converger les attentes. Et les nuages s’accumulant sur l’économie mondiale, poussés par les tensions commerciales et géopolitiques, ont conforté les convictions. La Banque nationale suisse (BNS) est donc la première des principales banques centrales à appliquer une politique monétaire vraiment accommodante. Depuis le 20 juin, elle a abaissé son taux directeur à 0%. Pendant ce temps, la Réserve fédérale (Fed) maintenait son statu quo.

Une première encore, car ce seuil avait été enjambé, tant à l’entrée qu’à la sortie des taux négatifs, dans le précédent cycle de taux. Cette baisse marque en outre par son intensité, la BNS a ainsi fait passer son taux de référence, depuis mars 2024, de 1,75% à 0%. Une action express qui doit prévenir l’engrenage insidieux d’une déflation. Elle frappe enfin, car même si, comme l’a précisé Martin Schlegel, le président de la direction de la BNS, ce 0% est fixé «à la limite du territoire négatif», elle laisse la porte ouverte à de nouvelles baisses de taux, si le contexte économique devait l’exiger.

Un franc trop fort

En ligne de mire de la BNS, le franc et sa force. Une paire d’autant plus soudée que les incertitudes s’accroissent. Pour l’économie suisse, le ralentissement attendu de l’économie mondiale rend ses perspectives plus incertaines. Le groupe d’experts du SECO a revu ses prévisions à la baisse et parle désormais de 1,3% de croissance pour 2025 et 1,2% pour 2026, soit loin de son potentiel.

L’entrée des prix en territoire négatif s’explique principalement par la solidité du franc, qui fait pression sur les prix des biens et services importés. Avec sa politique d’assouplissement express des taux, la BNS vise à maintenir l’inflation dans son objectif de stabilité des prix. Ses dernières prévisions tablent sur une inflation très faible, mais positive à l’horizon 2027. Ainsi, elle devrait avoir touché son point bas avant de se redresser. La stratégie de la BNS reste cependant sous la menace d’une nouvelle ruée sur le franc, par exemple en cas d’échec des négociations commerciales ou d’une recrudescence des tensions au Moyen-Orient.

Pour lutter contre le franc fort – qui s’est particulièrement apprécié contre le dollar –, la BNS dispose d’un deuxième outil: intervenir sur le marché des changes. Elle a répété qu’elle y aurait recours, si nécessaire. Mais le fera-t-elle alors que les États-Unis la soupçonnent de manipulation de sa monnaie? Elle n’est d’ailleurs pas intervenue fortement depuis un an au vu de l’évolution de ses réserves de change.

Conséquences sur les marchés

Pour les investisseurs et les investisseuses, cette politique monétaire soutient les prix de l’immobilier, un secteur qui bénéficie par ailleurs de fondamentaux solides. Autres conséquences: la baisse des taux ajoute de la pression sur les rendements obligataires suisses. Sur le marché des actions, les taux bas peuvent soutenir les titres à hauts dividendes.

La décision de la BNS a aussi comme conséquence de maintenir la pénalité appliquée, au-delà d’un certain seuil, aux réserves déposées auprès de l’institut d’émission par les banques commerciales. Une situation qui s’apparente donc à la période 2015-2022, qui avait vu des banques introduire des taux négatifs sur certains avoirs.