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Premier trimestre 2023: un nouvel environnement plus propice aux marchés financiers

Focus sur la croissance

  • Le creux de l’activité pourrait être dépassé vers l’été.
  • Son ampleur dépend de la capacité à maîtriser l’inflation.

C’est l’enjeu majeur de ce début de 2023: l’ampleur de l’impact que les chocs de l’inflation et des taux, enregistrés ces deux dernières années, aura sur la croissance. Le ralentissement de l’activité devrait se poursuivre et pourrait engendrer une récession ponctuelle. Selon les indicateurs actuels, elle devrait être modérée et rapide dans les économies développées.

L’activité doit compter avec les effets négatifs de la persistance d’une inflation élevée sur le pouvoir d’achat des ménages. Elle voit par ailleurs se matérialiser l’impact de la hausse des taux des banques centrales avec un décalage d’environ douze mois. La contraction de la croissance pourrait durer un à deux trimestres sur une période située davantage vers le milieu d’année qu’en fin d’exercice.

Meilleur scénario

Ce scénario pourrait être meilleur qu’attendu si les banques centrales parviennent à maîtriser parfaitement la décrue de l’inflation et réussissent un atterrissage en douceur de l’économie en relâchant leur resserrement monétaire à temps. Mais elles doivent compter avec un taux de chômage très bas qui complique leur gestion équilibrée du triangle taux-inflation-croissance.

Moins bon scénario

Ce scénario pourrait s’avérer moins bon, et engendrer une récession plus marquée, si l’inflation repart, demandant un coup de frein plus ferme de l’activité. Ou si elle ralentit fortement alors même que les banquiers centraux continuent de relever le coût de l’argent. Les marges des entreprises seraient alors prises en étau entre des coûts de production encore en progression et la fin de la hausse des prix. La probabilité d’un tel scénario est cependant limitée par le reflux actuel de l’inflation et l’absence de grands déséquilibres, comme ce fut le cas en 1975 (dérapage de l’inflation), en 2008 (subprimes) ou en 2020 (COVID).

L’inflation en trouble-fête

Le creux de l’activité devrait intervenir vers l’été. Son ampleur est ainsi intimement liée à la maîtrise de l’inflation. La hausse des prix est potentiellement appelée à jouer la trouble-fête demain encore. Les cycles à venir pourraient ainsi s’avérer plus courts et marqués par davantage de volatilité que les derniers traversés. Mais ils pourraient aussi être moins violents, car moins capables d’exagérations, comme celles rencontrées depuis le début du siècle – bulle internet, crise financière, etc.

Dose de prudence

Au vu des premières statistiques de l’année, le marché table sur un scénario de fin de cycle en douceur. Il n’a pas encore intégré les révisions à la baisse des bénéfices des entreprises, conséquence du creux attendu de l’activité. Si ce plus bas est atteint vers l’été et si l’inflation poursuit graduellement sa détente, permettant aux taux courts de se stabiliser et aux taux longs de rester contenus, cet environnement pourrait soutenir les marchés à l’approche des beaux jours. Ce scénario justifie un repositionnement étape par étape du cash contenu dans les portefeuilles. Un mouvement empreint d’une dose de prudence, conséquence des incertitudes liées à l’ampleur du ralentissement économique.

 

Les marchés doivent compter avec un nouvel environnement économique

  • Les banques centrales modèrent leurs interventions, mais restent sur le qui-vive.
  • Les fondamentaux s’améliorent pour les marchés financiers.
  • L’évolution des bénéfices reste la grande inconnue pour les actions.

L’environnement économique change en cette année 2023. Après le retour de l’inflation et les brusques hausses de taux, l’attention se porte désormais sur la croissance. Durant la première partie de l’année, l’inflation est appelée à poursuivre sa décrue, les taux à se stabiliser et l’activité à ralentir au point de se contracter ponctuellement.
Les politiques des banques centrales demeurent la clé. Alors que l’on pourrait connaître un à deux trimestres de repli de l’activité, les instituts monétaires ne peuvent relâcher leur observation vigilante de l’évolution des prix. Si l’inflation a dépassé son pic, elle reste loin de leur objectif de 2%. Dans ce contexte, la solidité du marché du travail constitue un risque de nouvelle flambée des prix à terme. L’emploi servira de boussole, mais il pourrait donner des signaux allant à l’encontre de ceux fournis par la croissance. L’arbitrage entre ces différentes tensions constitue l'un des défis à relever pour les banquiers centraux.

 

Amélioration des fondamentaux

Après leur brusque hausse en 2022, les taux devraient poursuivre le mouvement durant la première partie d’année, mais de manière plus contenue. Ils devraient tendre vers 5% aux États-Unis, vers 3% en Europe et vers 1,5% en Suisse, soit des niveaux qui devraient permettre d’éteindre les braises potentielles et empêcher une reprise du feu inflationniste. La Réserve fédérale (Fed) devrait être la première, ensuite, à stopper ses interventions pour jauger leur impact. Ce pourrait être au début du printemps, soit avant que la Banque centrale européenne (BCE) et la Banque nationale suisse (BNS) ne lui emboîtent le pas en milieu d’année. Le calendrier de ces mouvements dépend donc de la croissance.

Ce nouvel environnement devrait être plus propice aux marchés financiers que celui de début 2022. Plusieurs éléments plaident en faveur d’un renforcement des fondamentaux pour les principales classes d’actifs.

Les marchés peuvent raisonnablement compter avec une stabilisation des taux. Les banques centrales devraient cesser en cours d’année leurs interventions à la hausse, voire se montrer plus accommodantes dans un deuxième temps si un soutien à l’activité s’impose et si la situation sur le marché de l’emploi l’autorise sans risquer une reprise de l’inflation. Un environnement qui devrait contenir les taux longs. Ces mouvements constituent autant de soutiens potentiels aux marchés financiers. À cela s’ajoute le fait que les valorisations évoluent désormais à des niveaux proches de leur moyenne historique en raison de la baisse de 2022.
 

Obligations: retour à la normale

Sur le marché obligataire, les rendements retrouvent des niveaux plus réalistes par rapport à l’activité. En Suisse, à près de 2%, ils offrent à nouveau des perspectives intéressantes, alors que les obligations peuvent remplir leur rôle dans les portefeuilles lors d’un ralentissement de l’activité. Nous adoptons ainsi une vision neutre, voire constructive, à long terme envers les obligations. Surtout pour les échéances courtes et moyennes, moins sensibles à la volatilité des taux.

Actions: bénéfices en ligne de mire

Sur le marché des actions, les valorisations des indices mondiaux sont passées de 21x les bénéfices estimés à 16x. Cette réévaluation a eu lieu alors que les taux longs américains sautaient de 1,5% à 4%. Dans ce contexte, toute stabilisation, voire détente, des taux donne un signal positif. L’inconnue principale demeure l’évolution des bénéfices. Elle va grandement dépendre de celle de la croissance. Pour l’heure, les marchés n’ont pas encore totalement intégré les effets du ralentissement attendu de l’activité sur les bénéfices. Ces éléments expliquent la pincée de prudence que nous conservons envers les actions. Sur le plan thématique, le match entre les États-Unis et le reste du monde devrait être plus serré, voire tourner à l’avantage des marchés autres qu’américains.

Immobilier: vision constructive

Quant à l’immobilier coté, nous affichons une vision constructive envers cette classe d’actifs après sa réévaluation par les marchés. Les agios, les primes payées pour acquérir ces titres, étant revenus sous leur moyenne de long terme.

Prêt à agir

Les investisseuses et les investisseurs devraient prendre appui sur ce nouveau contexte pour préparer leur portefeuille afin de saisir les opportunités qui se présenteront en cours d’année, une fois prises en compte les révisions des bénéfices.
 

Rotation thématique en cours

1. Comment se positionner en ce début d’année?

Le changement d’environnement économique incite à préparer progressivement son portefeuille afin d’être paré lorsque le marché aura ajusté ses attentes en matière de bénéfices. Si, en 2022, le cash a dominé d’autres classes d’actifs, comme les obligations, l’immobilier coté et les actions, en 2023, il devrait perdre en attractivité. À moins d’une nouvelle forte flambée de l’inflation, il devrait peu à peu être redéployé; d’abord sur le marché obligataire, dont la convalescence est en bonne voie, voire dans l’immobilier coté, avant de permettre aux actions de se rapprocher des niveaux visés par l’allocation stratégique. Puis, elles gagneront en importance pour bénéficier de la reprise. En attendant, le marché devrait encore enregistrer de la volatilité dans la première partie de l’année.

2. Quels thèmes favoriser?

Nous devrions assister à un changement de leadership en 2023. Le match entre les titres américains et ceux du reste du monde sera plus serré. Il devrait même tourner à l’avantage de régions moins chères, comme la zone euro ou l’Asie du Sud-Est: la première faisant preuve de résilience et la seconde devant profiter de la relance chinoise. La prédominance systématique des marchés américains s’estompe en raison de taux plus élevés et de valorisations moins avantageuses. Wall Street a en outre été fortement soutenu par des politiques monétaires et fiscales appelées à disparaître. Autre rotation: le retour des petites et moyennes capitalisations aux États-Unis, mais aussi ailleurs dans le monde. Elles devraient bénéficier des mouvements de relocalisation de certaines activités, engendrés par la crise sanitaire, et de structures de prix plus intéressantes. Les valeurs industrielles devraient tirer parti des investissements nécessaires, par exemple, dans la transition énergétique. Alors qu’il commence à se dessiner, ce virage vers davantage de cyclicité peut encore ponctuellement être entravé par de mauvaises statistiques économiques en première partie d’année, qui peuvent représenter autant d’opportunités de se positionner.

3. Quel rôle pour les devises?

Là aussi, un changement se profile avec une évolution moins propice au dollar, désormais surévalué de près de 15% par rapport au franc ou à l’euro. Un différentiel de taux peu à peu moins favorable au billet vert et une meilleure compétitivité des économies du reste du monde – une fois le pic des craintes de récession passé – expliquent la poursuite attendue du recul du dollar. L’euro devrait, lui, gagner en stabilité, voire se renforcer par rapport au franc, à condition que les situations conjoncturelles ne diffèrent pas trop entre les deux économies. Les perspectives conjoncturelles devraient s’améliorer en cours d’année également pour la zone euro. Nous recommandons une exposition plus prudente des portefeuilles au dollar.