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Les incertitudes sur la croissance prennent le dessus sur l’inflation

Les taux proches de leur sommet

  • Les banquiers centraux maintiennent la pression sur les marchés.
  • Les taux courts devraient se stabiliser en Suisse.

La pente est raide. Très raide. Mais le sommet est proche. La lutte contre l’inflation des banques centrales des principales économies de la planète a engendré une hausse de taux vertigineuse. Entre mars 2022 et juin 2023, aux États-Unis, le taux directeur est passé de 0,25% à 5,25%. La Réserve fédérale vient de décider d’une pause après dix mouvements consécutifs de resserrement monétaire, sans pour autant relâcher la pression sur les marchés en prévoyant encore deux hausses pour cette année. En Europe, la Banque centrale européenne (BCE) et la Banque nationale suisse (BNS) ont poursuivi le relèvement de leurs taux directeurs d’un quart de point avant l’été à défaut de stabilité des prix.

Le reflux de l’inflation ce printemps d’abord aux États-Unis, puis en Europe, laisse entrevoir une fin de la hausse des taux. Et offre une petite marge de manœuvre bienvenue aux banquiers centraux. L’objectif d’une inflation neutre à 2% demeure, en effet, encore lointain, alors que les autorités monétaires doivent compter avec un marché du travail tendu, même en Europe. Elles ne relâchent ainsi pas leur vigilance face au risque potentiel de deuxième vague inflationniste, comme celle qui a marqué les années 1980.

Que veut-on?

Si la fin du mouvement de hausse des taux se rapproche, le début de celui de baisse s’éloigne. Mais faut-il vraiment le souhaiter? N’oublions pas qu’un fort mouvement de baisse signifierait que l’économie ralentit tout aussi fortement. Pour l’heure, le risque de récession est reporté de trimestre en trimestre aux États-Unis. Soutenant le scénario d’un maintien prolongé du statu quo par la Fed.
En Suisse, où l’inflation s’avère moins importante qu’en Europe et aux États-Unis, la BNS estime qu’il y a encore du chemin à parcourir jusqu’à la stabilité des prix. Mais l’objectif est en vue – la hausse des prix était de 2,2% en mai – et ceci, sans que la banque centrale n’ait eu à relever ses taux de manière trop forte. Bonne élève, la BNS a su trouver un bon équilibre entre sa gestion des taux et sa gestion du franc. La force de la devise suisse limite en effet les hausses de prix à l’importation.

Équilibre précaire

Les taux courts, en Suisse, devraient se stabiliser après la hausse du mois de juin. Les taux longs, eux, présentent un profil très irrégulier depuis le début de l’année. La volatilité devrait perdurer alors que la croissance s’essouffle. Les obligations à 10 ans de la Confédération évoluent autour du seuil de 1% depuis de longues semaines, soit bien en dessous des taux directeurs de la BNS, désormais à 1,75%. Soulignant ainsi le recul des attentes en matière d’inflation, mais aussi les doutes sur la croissance.

Au-delà du reflux de l’inflation, les fortes hausses de taux devraient produire leurs effets de manière décalée sur la croissance durant les prochains trimestres. Les récentes statistiques économiques ont, une fois encore, mis en exergue la gestion délicate de l’équilibre entre croissance, inflation et taux. Ainsi, malgré le fait que, pour les marchés, la question des prix est résolue, les défis des banquiers centraux restent considérables.
 

Des performances trop belles pour être vraies?

  • Les statistiques repoussent les risques de récession à l’an prochain.
  • L’obligataire a reconstitué ses réservoirs de performance.
  • Les actions à nouveau sur le chemin des records.

L’image est forte. Mis côte à côte, les exercices 2022 et 2023 composent un bel effet miroir. Alors que toutes les classes d’actifs ou presque étaient en rouge l’an dernier, le vert domine cette année. La résilience des principales économies de la planète a surpris. Les marchés s’en sont fait l’écho, présentant un dynamisme tout aussi étonnant. Ils ont apprécié le recul de l’inflation et son corollaire, l’approche de la fin de la hausse des taux. Ils ont aussi relevé la bonne tenue des résultats de sociétés ou encore la solidité du marché de l’emploi. Ainsi, à mi-année, l’indice VIX, aussi appelé indice de la peur, qui mesure le niveau de risque, a glissé à son plus bas depuis 2020.

Autre bonne nouvelle pour les investisseurs et les investisseuses, le réservoir de performance s’est reconstitué dans un autre segment important, le marché des titres à revenus fixes. Les obligations proposent désormais un potentiel de rendement et peuvent ainsi à nouveau remplir leur rôle dans les portefeuilles. Elles sont capables de constituer un coussin de sécurité en cas de vents contraires. Mais pas en cas de tempête. Ce qui n’est pas notre scénario principal.
 

Emploi clé

Si les principales économies de la planète résistent, c’est notamment grâce à des marchés de l’emploi solides et à l’évolution des salaires. Des signaux d’alerte se font pourtant toujours entendre au-delà des records enregistrés sur les marchés financiers. Ils proviennent de la juxtaposition périlleuse de deux réalités: croissance faible et politique monétaire encore restrictive.

Les statistiques économiques soufflent le chaud et le froid dans cette période de transition qui se poursuit de trimestre en trimestre. L’activité ralentit et devrait encore se détériorer à en croire l’indicateur avancé de l’économie. Les indices des directeurs d’achats se montrent plus optimistes, mais divergent selon les secteurs. Les services retrouvent enfin de la vigueur après la crise sanitaire, alors que l’industrie manufacturière voit son activité se contracter, notamment en raison de la baisse de la demande et de la hausse des coûts de production. Cette image contradictoire interroge sur l’endurance de la croissance.

Plusieurs risques se sont éloignés, à l’instar de l’instabilité bancaire ou de la crise de la dette aux États-Unis. D’autres demeurent. La Chine peine à dynamiser son activité post-COVID. À Washington, la gestion du déficit budgétaire, qui dépassera USD 2000 milliards en 2030, influera sur les marchés longtemps encore, quelle que soit la couleur du gouvernement. En Europe, alors que les ménages subissent la hausse des prix, l’activité manufacturière craint pour ses carnets de commandes.

Résilience suisse

Le manque de ressort de l’activité en zone euro n’est pas sans conséquence pour l’économie suisse, sensible à l’évolution de la conjoncture mondiale. Or, elle fait une fois encore preuve de résilience, même si tous les secteurs à l’exportation n’avancent pas au même rythme. Quant à la demande intérieure, elle demeure robuste, soutenue notamment par un taux de chômage tombé à 1,9% en mai. Des signes avant-coureurs d’un affaiblissement apparaissent et indiquent un PIB atone à légèrement positif pour le reste de l’année.
Ainsi, la croissance mondiale hésite, pour l’an prochain, entre récession faible ou expansion retenue. Cet environnement de cycle mature valide un positionnement légèrement prudent, mais surtout flexible dans les portefeuilles. Pour les investisseurs et les investisseuses, les mots-clés devraient être diversification et qualité.

Indispensable diversification

Diversification, car sur le plan géographique, toutes les zones ne présentent pas la même dynamique que le marché japonais qui a retrouvé des niveaux jamais revus depuis les années 1990. Sur le plan thématique également, de fortes divergences apparaissent. Aux États-Unis, la performance récente a reposé essentiellement sur les géants de la technologie avant de s’élargir quelque peu. Qualité ensuite, pour mieux traverser la période conjoncturelle incertaine qui se dessine au-delà des six à douze prochains mois. On saura alors si les performances de ce début d’été étaient trop belles pour être vraies. Ou pas.

La stratégie d’investissement en 3 questions

Des positions en ligne avec un cycle mature

1. Pourquoi maintenir une pondération des actions proche de neutre?

Bien que certains indices soient de retour en bull market, en marché haussier, nous maintenons une pondération des actions proche de neutre en raison de l’environnement macro-économique hésitant en cette phase de maturité du cycle. Cela dit, cette prudence ne doit pas être excessive, car la prime de risque n’indique pas d’accélération brutale du ralentissement. Les thèmes cycliques ont refait, depuis octobre dernier, une partie du chemin perdu en 2022. S’ils n’ont pas épuisé tout leur potentiel, ils paraissent généreusement valorisés. Afin de préparer les portefeuilles aux incertitudes de l’an prochain, sur le plan thématique, les secteurs défensifs ou de qualité pourraient s’avérer utiles. À l’instar de la santé. Géographiquement, le match sera plus serré entre les différentes régions que cette année. Sans perdre leurs atouts, les marchés suisses et américains devraient avoir la tâche moins facile qu’en période de taux bas. À propos du marché suisse, les grosses capitalisations gardent leur attrait. Les valeurs secondaires, souvent source de diversification, restent tributaires de l’évolution de la conjoncture notamment en zone euro.

2. Comment aborder le marché obligataire?

Globalement, notre exposition obligataire est proche de neutre en raison de l’évolution encore irrégulière des rendements. Bien que volatiles, les performances des obligations en franc suisse sont positives depuis le début de l’année. Toutes les catégories de débiteurs n’affichent cependant pas les mêmes performances. Les emprunts de la Confédération, symbole des placements refuges, présentent les rendements les moins attrayants. Les titres à échéances courtes et moyennes sont les plus adaptés à la configuration actuelle. Opter pour des durations longues équivaudrait à anticiper un scénario de récession ou de baisse des taux directeurs, ce qui ne devrait pas être le cas, du moins pas avant l’an prochain. Grâce à un écart grandissant avec les emprunts sans risques, les obligations incorporant du risque de crédit peuvent endosser un rôle de diversification dans un portefeuille hors, bien sûr, scénario catastrophe.

3. L’immobilier indirect présente-t-il aussi une option de diversification?

Dans un environnement de taux encore haussier, l’immobilier indirect peut compter sur des fondamentaux solides pour offrir un complément aux obligations de la Confédération. Le marché immobilier suisse reste porté par un déséquilibre persistant entre offre et demande. Alors que l’activité baisse dans la construction, les besoins en logements restent importants, soutenus par l’immigration et un marché de l’emploi tendu. Les fortes hausses de taux de l’an dernier ont ramené les valorisations sur terre. Quant aux dividendes, ils assurent la performance avec une progression qui devrait avoisiner 3% cette année grâce à la possibilité d’adapter les loyers à la hausse du coût de la vie.