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Incertitudes tarifaire, budgétaire et monétaire

  • Les marchés ont les yeux rivés sur les États-Unis, plus que jamais maîtres du jeu.
  • Deux scénarios sur les perspectives de croissance s’opposent.
  • Un renforcement des liquidités soutient une approche agile.

Politique tarifaire. Politique budgétaire. Politique monétaire. Les marchés américains – et donc mondiaux – évoluent au gré de ces trois incertitudes depuis ce printemps. Ceci sans même évoquer la grande inconnue géopolitique.

Annonces, contre-annonces, délais, accords bilatéraux, décisions sectorielles, les informations se succèdent sur le front des droits de douane américains depuis le 2 avril, baptisé «Jour de la libération» par un Donald Trump décidé à inverser les routes du commerce mondial. Le président américain avance de manière erratique dans la mise en œuvre du grand projet de législature de l’administration républicaine. Et difficile pour les marchés, alors que la montre tourne, d’en mesurer encore les effets.

Dette soutenable?

La désescalade militaire au Moyen-Orient a laissé la place à une autre incertitude, celle liée à la politique budgétaire de la Maison Blanche. L’apport potentiel des barrières douanières ne devrait combler qu’une partie de la générosité du budget américain. Alors que le plafond de la dette a été suffisamment relevé pour éviter tout blocage durant les prochains trimestres, le déficit devrait encore se creuser dans la décennie qui vient. Le Trésor se voit ainsi contraint de soutenir le train de vie du pays en émettant de la dette. Or plus de la moitié des emprunts doivent être refinancés dans les trois ans. D’ailleurs, les bons du Trésor américain à 10 ans ne s’arrachent plus avec autant de conviction en période de tensions, pointant ainsi la soutenabilité de la dette américaine.

 

Attentisme de la Fed

Et que fait la Réserve fédérale? Coincée entre un gouvernement dépensier et une croissance qui faiblit, mais ne rompt pas, elle poursuit sa politique de stabilisation monétaire. Au grand dam de la Maison Blanche. Elle ne peut que constater que le marché de l’emploi reste solide et que les prix n’ont toujours pas rejoint leur zone de stabilité. Faute de visibilité sur ces deux données essentielles, difficile de procéder à des baisses préventives de taux afin de soutenir l’activité. Maintenir l’équilibre entre croissance, taux et inflation s’avère toujours plus compliqué. Surtout que le regain des tensions au Moyen-Orient peut actionner à tout moment la courroie de transmission des crises dans l’économie mondiale qu’est le pétrole.

 

Deux scénarios opposés

Dans ce contexte, pour les investisseurs et les investisseuses, le plus grand défi revient à estimer quelles seront les retombées des barrières douanières, de la relance budgétaire et des tensions géopolitiques sur le potentiel de croissance et la trajectoire de l’inflation dans les grandes économies. Deux scénarios se dessinent, qui s’opposent fondamentalement. La réalité se situera vraisemblablement entre deux. Une sortie par le haut signifierait que les États-Unis échappent à une récession et que l’Europe et la Chine parviennent à redynamiser leur économie par le biais d’une relance budgétaire justement ciblée. Or, en Europe, tous les acteurs ne présentent pas le même potentiel, même si les dépenses de défense – souvent à haute valeur ajoutée – auront un impact sur l’activité. Si l’Allemagne semble sur le bon chemin, que dire de la France? Quant à la Chine, elle mène de front plusieurs chantiers – relance budgétaire, politique monétaire, recapitalisation bancaire, etc. – afin de renforcer la consommation interne.

Une sortie par le bas résulterait d’une perte de confiance des acteurs économiques dans les différents dossiers gérés par la Maison Blanche ou d’une aggravation des tensions internationales. Une perte de contrôle de la politique budgétaire américaine entraverait notamment les possibilités d’intervention de la Fed pour venir en aide à l’économie.

 

Flexibilité et diversification

Ainsi, les maîtres mots pour la gestion des portefeuilles sont une fois encore en de pareilles circonstances flexibilité, agilité et diversification, ainsi qu’une gestion stricte des risques. Le renforcement des liquidités permet de saisir les opportunités sur les marchés des actions, comme ce fut le cas durant la trêve dans la guerre tarifaire. Sur le marché obligataire, les rendements des valeurs suisses perdent en attractivité, le haut rendement garde, lui, un potentiel tant qu’il n’est pas question de récession. Malgré des agios supérieurs à leur moyenne historique, l’immobilier suisse de qualité peut toujours compter sur ses fondamentaux solides. Quant à l’or, il demeure une valeur sûre en période de tensions.

Le pétrole, le dollar, les bons du Trésor américain à dix ans, l’or et le franc forment une nuée de points de repère à ne pas quitter des yeux au milieu de tant d’incertitudes.

La stratégie d’investissement en 3 questions

Agilité et diversification de rigueur

1. Quelles actions privilégier dans le contexte actuel?

Le contexte empreint d’incertitudes et de volatilité favorise une gestion un peu plus active des portefeuilles. Il demande une certaine agilité et renforce les vertus de la diversification. Faute de visibilité, les entreprises restent prudentes et les attentes bénéficiaires ont été revues à la baisse. Les rebonds récents ont par ailleurs poussé les valorisations à des niveaux contraignants. Nous recommandons une légère sous-pondération des actions dans les portefeuilles et préconisons une large diversification géographique et sectorielle. En Suisse, les petites et moyennes capitalisations ont tiré leur épingle du jeu. Le thème des hauts dividendes peut être une source de diversification à considérer. Les valeurs industrielles et liées aux matériaux peuvent en outre bénéficier de la relance allemande. Les marchés américains restent sous la pression d’éléments tant structurels – politiques budgétaires et tarifaires – que conjoncturels – ralentissement de l’activité. Nous sous-pondérons légèrement ce marché en y préférant les services de communication à la consommation cyclique.

2. Qu’attendre des marchés obligataires?

Sur le marché suisse, les rendements s’affaiblissent au rythme des baisses de taux. Nous préconisons une sous-pondération marquée de cette classe d’actifs qui n’a cependant pas perdu ses vertus défensives. Dans cette poche également, la diversification s’impose. Les obligations à haut rendement gardent du potentiel, du moins tant qu’il n’est pas question de récession. Les emprunts internationaux couverts du risque de change, notamment en Europe, représentent une autre option de répartition des risques. Tout comme d’ailleurs l’immobilier suisse coté, qui peut compter sur ses fondamentaux solides. Enfin, pour les profils purement obligataires, nous préconisons une approche de gestion asymétrique, en d’autres termes dont l’évolution est moins corrélée aux indices.

3. Où va le dollar?

Le billet vert est la devise qui s’est le plus affaiblie cette année conte le franc. Si les tendances haussières du dollar sont généralement lancées par une crise financière, les périodes de baisse résultent d’une cause plus institutionnelle. La défiance à l’encontre de la soutenabilité de la dette américaine et le retour du protectionnisme en sont la cause cette fois-ci. Le dollar semble pourtant s’orienter vers une stabilisation. Les différentiels de taux plaident en effet en faveur d’un regain d’intérêt pour la devise américaine. L’évolution du billet vert dépend ainsi de la politique de la Fed – et donc de la conjoncture –, sans oublier des tensions au Moyen-Orient. Le franc pourrait donc perdre un peu de force face au dollar, sans pour autant revenir à ses niveaux de 2024. Quant à l’euro, il a bénéficié des errements du billet vert, mais son potentiel contre le franc semble limité.