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Quatrième trimestre 2022: la lutte contre l'inflation... quoi qu'il en coûte

Des taux positifs appelés à durer

  • Brusquement engagée, la hausse des taux devrait continuer en 2023.
  • Le marché obligataire traverse un krach avec des opportunités.

Les banques centrales n’en ont pas encore fini avec l’inflation. Malgré des hausses de taux spectaculaires cette année, les prix progressent toujours à un rythme élevé. Trop élevé pour des institutions garantes de la stabilité des prix dans leur zone monétaire. Ainsi, leurs interventions devraient durer jusqu’en première partie de l’an prochain au moins. Les taux de référence des banques centrales devraient alors atteindre 4% à 4,5% aux États-Unis, 2% à 2,5% en Europe et 1% à 1,5% en Suisse. Les principales économies de la planète – à l’exception du Japon – actent ainsi le retour brusque et durable des taux positifs.

Risque de récession

La persistance de l’inflation à des niveaux élevés et la possibilité d’effets de second tour – soit d’un emballement de la spirale prix-salaire-prix… – restent au cœur des préoccupations des banquiers centraux. Qui plus est en période de tensions géopolitiques. La guerre étant un facteur inflationniste, elle s’ajoute aux autres causes de la hausse des prix que sont le coût des matières premières, un approvisionnement cahoteux, un marché du travail tendu, les largesses des politiques de relance de 2021, etc. La détermination à combattre l’inflation se renforce malgré un risque de récession grandissant.

En Suisse, où l’inflation est moins importante qu’ailleurs, la Banque nationale (BNS) poursuit sa lutte pour la stabilité des prix, quoi qu’il en coûte – ou presque – au franc. Car, s’il s’est fortement renforcé contre l’euro, il s’est affaibli contre le dollar. L’avantage d’un franc solide dans un contexte inflationniste réside dans le fait qu’il participe à la limitation de l’inflation importée. Un atout donc pour les autorités monétaires.

Les taux sont ainsi appelés à rester longtemps en territoire positif. Qu’est-ce que cela signifie pour les placements obligataires? Les rendements des emprunts du Trésor américain ont enregistré cette année leur plus forte hausse de ces septante dernières années. Ce qui explique que les prix des obligations ont chuté d’autant sur les marchés – leur trajectoire étant opposée. Ce krach s’avère d’ailleurs proportionnellement plus important pour cette classe d’actifs, que ne le fut celui de 2008 pour les actions.

Match plus équilibré

Les chocs d’inflation (2021-2022) et des taux (2022) ont influencé – et influencent toujours – le marché obligataire, le choc de croissance (2023) touchera encore le marché des actions en réduisant notamment les prévisions bénéficiaires. Si, jusqu’il y a peu, le match entre actions et obligations tournait inévitablement à l’avantage des premières à risques comparables, aujourd’hui, il paraît plus équilibré. Les titres obligataires bénéficient notamment de perspectives de croissance plus ternes et de rendements plus raisonnables qu’ils ne l’étaient ces dernières années – c’est notamment vrai en Suisse et aux États-Unis. Et certaines échéances d’emprunts – courtes à moyennes – présentent même un bilan globalement favorable alors que l’environnement économique s’assombrit pour les prochains trois à six mois.

Diversification maîtrisée

Dans cet environnement, la sous-pondération des obligations diminue, mais ce mouvement demande une diversification maîtrisée et proportionnelle à son profil de risque.
 

Une récession oui, mais quelle récession?

  • Maîtriser l’inflation et assurer une certaine stabilité pour le futur aura un coût.
  • Les États-Unis et la Suisse devraient mieux résister au ralentissement que la zone euro.
  • À court terme, prudence, flexibilité et pragmatisme sont de rigueur sur les marchés.

Le vent se lève et les nuages s’amoncellent sur la croissance. C’est le prix à payer pour éviter que l’inflation ne s’incruste dans l’économie. En s’emballant, elle pourrait causer encore plus de dégâts qu’actuellement, notamment sur le pouvoir d’achat des ménages, qu’ils soient actifs ou retraités. Pour maîtriser la hausse des prix et assurer une certaine stabilité à plus longue échéance, les banques centrales doivent donc ralentir l’activité. Cette lutte, qualifiée désormais d’inconditionnelle, contre l’inflation aura donc un coût. Et la facture sera plus ou moins élevée selon la capacité des pays à encaisser les conséquences de ce coup de frein ou à disposer d’arguments budgétaires pour en amortir les effets.

Certes, des statistiques économiques montrent des signes de ralentissement de l’inflation. Ainsi, les salaires progressent désormais moins vite aux États-Unis. Ces chiffres pourraient signifier que l’on a atteint le pic de la progression cet été. De la vitesse du ralentissement dépendra le retour de l’inflation aux environs des objectifs des banquiers centraux. Sera-ce déjà le cas courant 2023? Une telle situation permettrait aux autorités monétaires de mettre fin au relèvement des taux et leur offrirait une marge de manœuvre pour soutenir la croissance.

Détente du marché de l’emploi

En attendant, la visibilité manque. L’heure est toujours au ralentissement de l’activité et à une détente sur le marché de l’emploi. Difficile d’envisager, en effet, une maîtrise de l’inflation sans une progression du taux de chômage. La situation sur le marché de l’emploi – notamment américain – complique la tâche des grands argentiers. Historiquement, la Réserve fédérale américaine n’est jamais parvenue à éviter une récession en relevant ses taux lorsque le taux de chômage se situait en dessous du seuil de plein emploi. Niveau qu’il occupe depuis de longs mois. La Banque centrale paie son manque de réactivité à l’apparition des premiers signes de hausse des prix, mouvement jugé alors «temporaire», qui s’éternise.

Les risques de récession augmentent pour le tournant de l’année, voire pour le premier trimestre de 2023. Ils sont élevés dans la zone euro, très sensible à la hausse des coûts de l’énergie et aux conséquences de la guerre en Ukraine. Ils pourraient être limités aux États-Unis, pays presque autonome sur le plan énergétique et à l’activité encore solide. Les effets de levier, si dévastateurs lors de la crise de 2008 par exemple, ont par ailleurs diminué, le marché bancaire ayant été grandement assaini et l’endettement des ménages étant moins systémique. La Suisse vit une situation proche de celle américaine; elle bénéficie d’une économie diversifiée et de niche. Elle n’en demeure pas moins exposée à la faiblesse de son principal partenaire économique, l’Allemagne.

Marchés sous pression

Les marchés ont déjà comptabilisé une partie de ces données économiques. Mais le ralentissement pèsera encore sur les marges des entreprises. Les attentes bénéficiaires – encore trop optimistes – sont ainsi appelées à baisser. Des révisions qui influeront encore sur l’évolution du marché des actions. Une certaine prudence s’impose à court terme tant que l’ampleur du ralentissement, voire de la récession, ne gagne en netteté à la lecture des indicateurs avancés.
En revanche, les valorisations redonnent du lustre aux actions sur la durée. Elles ont en effet glissé, en moins d’un an, de 21 fois les bénéfices attendus à moins de 16 fois – leur moyenne des 35 dernières années. Elles pourraient ponctuellement descendre plus bas encore, car les mouvements sur les taux ne sont pas terminés et la visibilité est quasi nulle. Ainsi, nous préconisons une approche défensive en attendant une éclaircie qui permettrait d’entrevoir un rebond de l’activité. Il s’agit de se montrer flexible entre protection supplémentaire à court terme et positionnement à plus longue échéance au gré de l’évolution des marchés.

Opportunités en vue

Dans cet environnement, aucune classe d’actifs ne résiste. Même les matières premières ont perdu de leur superbe en raison du ralentissement économique. Si les obligations et l’immobilier paient l’évolution des taux, ils peuvent présenter des opportunités en raison de valorisations désormais plus réalistes.
 

Prudence en attendant la stabilisation des taux

1. Comment interpréter l’évolution du marché des actions?

Depuis le début de l’année, les marchés des actions ont reculé à plusieurs reprises au-delà de 20%. Ces mouvements indiquent aussi qu’une partie des mauvaises nouvelles est déjà comprise dans les cours. Ce qui n’empêchera pas d’autres corrections de survenir à court terme. Si l’on cherche à positionner son portefeuille pour la période de reprise, plusieurs éléments sont à analyser. Les indicateurs avancés de l’activité figurent en bonne place, mais il s’agit aussi d’avoir un œil sur la courbe des taux. Ainsi, avant tout rebond, l’ensemble des taux d’intérêt doivent se stabiliser, quelles que soient donc les échéances. Toute poursuite de la hausse des taux longs signifierait en effet que l’inflation n’est pas encore maîtrisée.

2. Comment se positionner sur le marché obligataire?

Le marché obligataire regagne en attrait depuis le début de l’année, car ses rendements ont fortement progressé. Et ceci bien que les mouvements sur les taux ne soient pas tout à fait terminés. Des tensions peuvent en effet encore intervenir sur les rendements à échéances plus lointaines tant que les attentes en matière d’inflation ne sont pas retombées à des niveaux acceptables – en dessous de 4% aux États-Unis par exemple – et que la conjoncture s’essouffle. Dans ce contexte, les rendements des obligations à courtes et moyennes échéances – entre un et cinq ans – pourraient encore suivre la tendance haussière imposée par les banques centrales, mais les pertes en capital engendrées par ce mouvement peuvent être compensées par les coupons offerts. Par ailleurs, en cas de hausses plus fortes des taux, ces titres se montrent moins sensibles à l’environnement en raison de leur horizon temporel et moins exposés aux aléas conjoncturels que les actions alors que l’on parle de récession. Nous réduisons notre sous-exposition à l’obligataire tout en contenant le risque de crédit qui pourrait encore pâtir du ralentissement économique.

3. Le franc va-t-il garder sa force?

Le franc est à mi-chemin entre le dollar et l’euro. Il s’est déprécié contre le billet vert et apprécié – même fortement – contre la monnaie unique. Laisser le franc se renforcer entre dans la stratégie de la Banque nationale suisse (BNS) pour limiter la hausse de l’inflation. Elle devrait rester dans le sillage de la Banque centrale européenne (BCE) tant que la stabilité des prix n’est pas assurée. Après, elle pourrait lâcher un peu de lest. L’euro devrait évoluer plus durablement sous le seuil de CHF 1. La monnaie unique paie par ailleurs les tensions politiques et économiques dans la zone euro. Le dollar, lui, devrait rester fort jusqu’à la fin de l’année, du moins tant que la politique monétaire de la Fed reste plus restrictive que celle des autres banques centrales et que l’activité mondiale demeure morose. Après, il devrait évoluer de manière plus irrégulière, voire s’affaiblir, si les autorités monétaires se préoccupent davantage de la croissance que de l’inflation.