L’impact sur l’économie vaudoise doit prendre en compte le fait que 21,2% de ses exportations prennent le chemin des États-Unis, un taux légèrement plus élevé que celui sur le plan national (18,6%).

Entreprises 15 août 2025

Droits de douane: quels impacts pour la marche de vos affaires?

  • Depuis le 7 août, de nombreux produits suisses sont taxés à hauteur de 39% à leur entrée sur sol américain.
  • La situation peut encore évoluer, car toutes les négociations n’ont pas encore abouti. C’est notamment vrai pour la Chine ou l’industrie pharmaceutique.
  • Depuis le début de l’année, le dollar a perdu plus de 12% contre le franc.

Conséquences pour l’économie suisse

Les tensions commerciales entraînent de grandes incertitudes conjoncturelles en Suisse et dans le monde. Des droits de douane de 10% laissaient déjà entrevoir une croissance de l’économie suisse inférieure à son potentiel, avec des estimations oscillant entre 1,2% et 1,5%. Des droits de douane de 39% se rapprochent du pire des scénarios envisagés par les économistes, qui comprend un impact négatif de 0,3% à 0,6% sur la croissance. Un point d’interrogation de taille demeure: le taux imposé aux produits pharmaceutiques. Il pourrait péjorer les estimations, l’impact sur la croissance pourrait ainsi atteindre 1%. Un autre scénario, celui incluant de nouvelles négociations ramenant les taxes douanières proches de celles obtenues par Bruxelles et Tokyo, serait, lui, compatible avec une croissance légèrement inférieure à 1%.

En ce qui concerne l’emploi, de premières estimations font état de 10 000 à 15 000 postes de travail à risque sur l’ensemble du pays. Ce qui pourrait engendrer une progression de 0,3 point de pourcentage du chômage actuel (2,7%). Dans ses prévisions du mois de juin, le groupe d’experts du SECO tablait sur un taux de chômage à 2,9% à fin 2025 et à 3,2% en 2026.

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Évolution du chômage en Suisse

Conséquences pour l’économie vaudoise

L’impact sur l’économie vaudoise doit prendre en compte le fait que 21,2% de ses exportations prennent le chemin des États-Unis, un taux légèrement plus élevé que celui sur le plan national (18,6%). Difficile cependant de mesurer précisément l’ampleur des conséquences sur la croissance et l’emploi, car les entreprises exportatrices sont en effet différemment touchées. Cette décision intervient alors que, dans la dernière évaluation du PIB, il était déjà fait état des nombreuses incertitudes qui planaient sur la croissance vaudoise.

Pour le canton de Vaud, si les États-Unis représentent un peu plus d’un cinquième des exportations, l’Union européenne pèse 41,1% et l’Asie et le Moyen-Orient 26,2%. La diversification des marchés demeure l’une des solutions mises en avant. Ainsi, alors que l’accord de libre-échange avec l’Inde entre en vigueur le 1er octobre, les services cantonaux ad hoc organisent une mission économique dans le pays le plus peuplé de la planète.

Une économie ouverte: destination des exportations vaudoises

L’autre élément mis en avant dès l’annonce des nouveaux droits de douane concerne le chômage partiel. Le service cantonal de l’emploi, sur son site, précise les modalités de la réduction de l’horaire de travail, des contours qui pourraient changer, selon ce que décide la Confédération. Notamment en ce qui concerne la durée de la mesure.

Risque de change

Les entreprises importatrices et exportatrices se voient par ailleurs confrontées à un risque de change accru. Le dollar a en effet perdu plus de 12% contre le franc et contre l’euro depuis le début de l’année. Après avoir légèrement rebondi en juillet, il entre dans une phase de consolidation qui pourrait se poursuivre dans les semaines à venir. Ce mouvement est soutenu par la position dure de Washington envers ses partenaires commerciaux, dont l’Union européenne et la Suisse. À plus longue échéance, le ralentissement conjoncturel va petit à petit l’emporter sur la démonstration de force politique. À cela s’ajoute la remise en question de la crédibilité des institutions américaines appelée à peser sur un billet vert qui affiche une valorisation élevée, surtout contre les devises asiatiques.

Évolution du franc et de l'euro contre le dollar

Le franc, lui, évolue actuellement de manière erratique, mais tendanciellement latérale, contre le dollar et a perdu un peu de terrain contre l’euro. Il garde à longue échéance son étiquette de valeur refuge, même s’il peut subir, dans un premier temps, un effet d’image lié à la décision américaine à l’encontre de la Suisse.

Un impact au cas par cas

Ces changements dans le paysage commercial des entreprises suisses et vaudoises ont un impact différencié selon l’exposition de chaque société au marché américain, selon aussi son positionnement sur ce même marché. Les responsables d’entreprise sont confrontés à des situations pratiques à court terme, mais également à des effets à plus long terme, au fur et à mesure que la chaîne de production de valeur est touchée.

Sur le front des devises, pour les entreprises exportatrices et importatrices, des solutions existent pour maîtriser leur risque de change. La palette est large afin de ne pas ajouter de l’incertitude à celle ambiante. Il peut s’agir de produits d’optimisation de couverture, comme des opérations liées à des instruments dérivés, ou de produits basés sur la fixation de cours à terme. Le choix dépend des flux monétaires avec les États-Unis, mais aussi du scénario économique de chaque entreprise.