Alors qu’approche le référendum sur le Brexit au Royaume-Uni, les sondages brouillent les messages et les indices de volatilité explosent. Dans cette ambiance électrique, les réunions des Banques centrales de cette semaine – que ce soit celle de la Fed, celle de la Banque d’Angleterre ou celle de la BNS – sont passées presqu’inaperçues. Les marchés ont les yeux rivés sur Londres. Sortira. Sortira pas. D’ici à vendredi prochain et la publication des résultats du vote du 23 juin, l’incertitude dominera les débats.
Dans ce contexte, les investisseurs bondissent sur les valeurs refuge. L’once d’or a passé de quelque 1200 à 1300 dollars ces deux dernières semaines. Le franc s’est raffermi face notamment à l’euro (il a passé de 1,11 à 1,08 franc) et à la livre (1,46 à 1,36 francs). Comment va-t-il réagir d’ici au vote? La Banque nationale suisse l’a dit, elle est prête à intervenir. D’ailleurs, constate Nicolas Baudet, responsable clientèle devises à la BCV, «depuis quelques jours, il semblerait qu’elle soit déjà active puisque le franc rebondit lorsqu’il atteint certains niveaux». Et après? Selon le résultat, il est clair que le marché des devises va fortement réagir. «Si intervenir sur le marché en achetant de l’euro, de la livre ou d’autres monnaies ne suffit pas, il n’est pas impossible que la BNS utilise encore l’arme des taux en abaissant encore les taux négatifs», explique Nicolas Baudet.
C’est donc à qui anticipera le mieux. Il y a les sondages. Il y a les officines de parieurs. Mais ce n’est pas suffisant pour nombre d’intervenants. Ainsi certaines grandes banques ont déjà prévu d’aller réaliser des sondages à la sortie des urnes afin de percevoir le plus tôt possible les tendances des résultats. «Il sera ainsi intéressant de suivre assez tôt la paire livre-dollar sur les marchés, car elle reflètera ce que croient savoir les principaux acteurs», raconte Nicolas Baudet.
Vaut-il alors encore la peine de se protéger contre le risque de change? Les coûts de protection ont bondi ces derniers jours. Pour assurer, par exemple, un prix de vente d’un million d’euros, il en coûte quelque 12 000 francs, contre 6000 il y a une quinzaine de jours encore. La situation est encore plus tendue sur le front de la livre puisque, autre exemple, le prix de l’assurance a passé de 10 000 francs à 40 000 francs pour un million de livres.
Aujourd’hui, contrairement à la situation enregistrée le 15 janvier 2015, lorsque la BNS supprimait le taux plancher de 1,20 franc pour un euro, les marchés ont pu se préparer au vote britannique. Reste tout de même l’incertitude finale, le Royaume-Uni restera-t-il membre de l’Union européenne? Rendez-vous le 24 juin dans la matinée.