Où se situent actuellement les atouts du marché suisse?
Eric Chassot: Certes, les actions suisses s’échangent aujourd’hui 17 fois leurs bénéfices attendus sur les douze prochains mois, alors que leur moyenne historique se situe plutôt aux environs de 16 fois, mais cette cherté est à mettre en relation avec le rendement d’autres actifs, à commencer par les obligations de la Confédération. L’attractivité du marché suisse est soutenue par la distribution généreuse de dividendes. Le rendement au dividende du SPI avoisine 3%. A titre de comparaison, une obligation à 10 ans de la Confédération flirte avec 0%. Les entreprises suisses affichent par ailleurs globalement une certaine solidité financière. Elles sont en outre souvent leaders dans leur branche. Ce qui leur permet de garder un pouvoir de fixation des prix et d’atténuer ainsi les effets du renchérissement des coûts de production consécutifs à l’appréciation du franc. Enfin, si l’on se réfère au passé, elles ont démontré à plusieurs reprises être capables de traverser relativement bien les crises.
Ces avantages peuvent-ils résister à une éventuelle persistance du franc fort?
Oui, dans la mesure où les entreprises sont – et restent – innovantes. Les sociétés suisses sont bien positionnées dans les classements reflétant les dépenses en recherche et développement. Continuer sur cette lancée, leur permet de garder la longueur d’avance sur leurs concurrents qui justifie la différence de prix induite par le taux de change.
Les dividendes sont-ils aussi appelés à rester un élément attractif?
Il est vrai que, dans un premier temps, quelques inquiétudes étaient apparues à propos des effets de la décision de la BNS sur les bénéfices des entreprises. Les conséquences sont pour l’heure moins importantes que craint initialement. Si une baisse de 15% des bénéfices avait d’abord été envisagée par les observateurs, nous l’estimons actuellement à -1,8% pour 2015. Après cette année modeste, les entreprises devraient globalement retrouver une croissance de leurs bénéfices de près de 10% dès l’an prochain. Nous restons ainsi relativement confiants dans l’évolution positive de la distribution de dividendes entre entreprises suisses.
Quels types de valeurs surperforment actuellement?
Ce sont avant tout les petites capitalisations qui surperforment. Le SPI affiche d’ailleurs une meilleure performance que le SMI depuis le début de l’année. Les petites capitalisations ont été exagérément mises sous pression au lendemain du 15 janvier. Reste que nous n’avons pas encore pu mesurer l’ampleur des effets de la décision de la BNS car, pour la plupart, elles ne publient pas de résultats trimestriels. Nous devrions avoir une image plus précise de la situation à fin juin. Nous nous attendons à des conséquences sur l’emploi dans la mesure où les réductions de temps de travail n’auront probablement pas suffi.
Quels sont les risques pour ce marché?
Ils sont liés au franc et donc à la situation en Europe. Si, dans un premier temps, les nouvelles se sont avérées plutôt positives avec une reprise économique naissante dans la zone euro, les inquiétudes sur l’avenir de la Grèce peuvent ternir les perspectives.
Dans ce contexte, quels secteurs privilégiez-vous?
Les valeurs financières vont bénéficier de la remontée des taux d’intérêt. La pente est aujourd’hui plutôt ascendante même si le mouvement est encore timide. Autre élément de soutien à ce secteur: la reprise de l’activité sur le front du crédit. Nous privilégions en outre les titres de sociétés actives dans les matériaux de base qui sont supportés par une vague de fusion et acquisition. Autre domaine intéressant: les services aux consommateurs. Un secteur cyclique qui dépend notamment du climat de consommation et qui bénéficie de la réduction des craintes déflationnistes.