Le repli de l’inflation s’est accompagné d’un repli des taux d’intérêt en Suisse. Les taux hypothécaires ont suivi et s’inscrivent à un niveau proche des plus bas de ces dernières années.

DANS LE CANTON 24 juin 2025
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Les taux jouent au yoyo en Suisse

Alors qu’ils remontaient légèrement au début de l’année, avec l’éloignement de la menace du retour des taux négatifs, les remous sur les marchés financiers provoqués par l’annonce début avril par les États-Unis de droits de douane élevés sur une large liste de produits importés depuis la plupart des économies du monde ont fait remonter le cours du franc en tant que valeur refuge et provoqué une nouvelle baisse du rendement des obligations de la Confédération et des taux hypothécaires. L’ouverture de négociations ainsi que des signes de détente comme un accord avec le Royaume-Uni ou la mise sur pause de la guerre commerciale avec la Chine n’ont guère eu d’effet.

Ainsi, la Suisse continue de bénéficier de taux d’intérêt bas, en comparaison historique, mais aussi géographique, par rapport au loyer de l’argent en euros ou en dollars. Après sa remontée liée à la forte poussée d’inflation entre 2021 et 2022, le rendement des obligations à 10 ans de la Confédération est reparti à la baisse courant 2023. En revanche, malgré le recul du renchérissement des deux côtés de l’Atlantique, les rendements du Bund allemand, référence pour la zone euro, et des bons du Trésor américain n’ont montré aucun signe de détente. À mi-juin, le rendement des obligations de la Confédération s’inscrivait à 0,3%, tandis que ceux du Bund allemand et des bons du Trésor américain atteignaient respectivement 2,5% et 4,4%.

Cette divergence s’explique en partie par des trajectoires de l’inflation différentes en Suisse et dans d’autres pays industrialisés. Dans notre pays, le renchérissement est remonté à 3,5% en août 2022 avant de redescendre; il est repassé sous la barre des 2% en juin 2023 et s’est inscrit à -0,1% en rythme annuel en mai. La BNS a eu les coudées franches pour assouplir sa politique monétaire. Son taux directeur est passé de 1,75% à 0% entre mars 2024 et juin 2025. Dans la zone euro et aux États-Unis, le renchérissement était monté jusqu’à respectivement 10,6% et 9,1% en 2022, il restait encore voisin de la barre des 2% en mai. Toutefois, l’autre élément poussant les taux suisses vers le bas réside dans le statut de valeur refuge du franc dans un environnement économique et financier incertain.

Nouvelle baisse des taux hypothécaires

Après leur remontée en 2022 et un plateau aux alentours de 3% jusqu’à la fin du troisième trimestre 2023, les taux fixes des nouvelles hypothèques à 5 et 10 ans sont à nouveau descendus en Suisse. Ainsi, à mi-juin, le taux moyen d’un nouvel emprunt à taux fixe sur 5 ans s’inscrivait à environ 1,4%, tandis que celui d’un emprunt à 10 ans était d’environ 1,8%.

Ces taux s’inscrivent à des niveaux comparables à ceux qui étaient observés en 2015 et 2016, respectivement. Par rapport aux taux les plus avantageux disponibles durant quelques mois au début de la crise du COVID-19, ils ne sont plus élevés que d’environ un demi-point de pourcentage.

Le potentiel de poursuite de la baisse semble donc limité. Si la BNS a encore une certaine marge de manœuvre pour abaisser son taux directeur, le repli des taux à long terme semble, lui, plus enclin à marquer le pas. Dans les prévisions de juin pour la Suisse du Secrétariat d’État à l’économie, le rendement des obligations à 10 ans de la Confédération est estimé en moyenne à 0,4% cette année et 0,5% l’an prochain.