Les entreprises vaudoises avancent dans un climat conjoncturel contrasté.

DANS LE CANTON 28 août 2023
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Érosion du moral des PME vaudoises

Les PME vaudoises sont moins optimistes en raison de la dégradation de l’environnement conjoncturel. Si elles sont toujours plus de la moitié (54%) à juger leur santé économique bonne ou très bonne, selon un sondage représentatif réalisé en juin par la cellule Études et analyses clients de la BCV, cette part est plus basse que celle qui ressortait d’un sondage similaire effectué l’an dernier (69%). De plus, leurs principales préoccupations ont évolué: alors que la situation géopolitique mondiale et les difficultés d’approvisionnement devançaient la hausse des prix en 2022, l’inflation est devenue le premier sujet d’attention, suivie par les difficultés de recrutement et l’évolution des taux d’intérêt.

Les entreprises du canton avancent dans un climat conjoncturel contrasté. La demande intérieure reste forte, comme le montrent les indicateurs de la Commission Conjoncture vaudoise ou les dernières prévisions de croissance publiées par cette dernière. Ainsi, globalement, le commerce de détail se porte relativement bien, alors que le taux de chômage, à 3,2% dans le canton en juillet, s’inscrit à son plus bas niveau depuis 2019. En revanche, le ralentissement de l’économie mondiale pèse sur la marche des affaires des entreprises qui dépendent de la demande étrangère, en particulier dans l’industrie. Les PME vaudoises qui jugent leur santé économique mauvaise restent relativement peu nombreuses, même si leur part est passée de 10% à 19%. Quelque 250 entreprises ont répondu et la marge d’erreur est de 6,2%.

Moral meilleur qu’en 2021

Malgré l’érosion par rapport à l’an dernier, le moral des PME vaudoises reste meilleur qu’en été 2021, au milieu de la reprise post-COVID-19. L’évolution de leurs préoccupations vers des questions directement liées à leur quotidien reflète le fait que, malgré la robustesse de l’économie suisse et vaudoise face aux aléas de la conjoncture mondiale, elle n’est pas complètement immunisée. Ainsi, l’inflation, une préoccupation pour 61% des entreprises (35% en 2022), augmente leurs coûts . Globalement parmi les entreprises interrogées, un tiers d’entre elles font état d’une pression sur les résultats (plus d’informations concernant les effets de l’inflation sur les entreprises vaudoises).

Dans le sillage de l’inflation, la remontée des taux d’intérêt est aussi devenue l’un des principaux sujets d’attention pour 41% des entreprises (35% en 2022). Malgré la fin de la politique de zéro COVID en Chine et la détente au niveau des chaînes logistiques, les difficultés d’approvisionnement sont encore mentionnées par 33% des répondants (47% en 2022). Également évoquée dans 33% des réponses (50% en 2022), la situation géopolitique reste un sujet d’inquiétude. Même s’il ne s’est pas concrétisé durant l’hiver 2022-2023, le risque de crise énergétique (33% en 2022, 32% en 2023) demeure présent à l’esprit des PME vaudoises. Du fait du renforcement du cours de la devise helvétique contre l’euro ou le dollar, la problématique du franc fort (4% en 2022, 19% en 2023) reste sous surveillance.

Optimisme pour les prochains mois

Sans lien avec la conjoncture mondiale, les difficultés de recrutement (28% en 2022, 41% en 2023) sont également l’une des principales préoccupations des entreprises: notamment, le départ à la retraite des baby-boomers contribue au manque de main-d’œuvre qualifiée dont elles ont besoin (cf. également le supplément de juin 2023 du magazine PME sur ce sujet). En raison de l’augmentation des cyberrisques, la cybersécurité (12% en 2022, 21% en 2023) préoccupe également davantage de PME. Les problématiques liées au climat et leur impact sur l’entreprise (9% en 2022, 21% en 2023) ainsi que les évolutions récentes sur la place financière suisse (19%) font aussi partie des dix principales préoccupations.

Pour les douze prochains mois, les entreprises vaudoises restent globalement optimistes. Elles sont 41% à attendre une augmentation de leur chiffre d’affaires et 44% misent sur une stabilité, tandis que 15% craignent une baisse. Ces chiffres sont en léger repli par rapport à 2022, avec 46% d’entreprises qui tablaient sur une croissance de leurs ventes, mais restent bien meilleurs qu’en 2021 (21%) ou qu’en 2020 (31%).

ParJean-Pascal Baechler, Responsable de l'Observatoire BCV de l'économie vaudoise, BCV