Les taux vont-ils remonter? Et surtout quand? Lorsque l’on est décideur dans une entreprise, la question est inévitable. Car «ne rien faire c’est spéculer», a rappelé Eric Vauthey, directeur de la salle des marchés à la BCV, lors des Rendez-vous des Entrepreneurs 2019.

Entreprises 25 février 2019

Que faire en attendant que les taux montent?

Les taux vont-ils remonter? Et surtout quand? La question a certes perdu de son immédiateté depuis que la Réserve fédérale américaine a assoupli le rythme de la normalisation de sa politique monétaire ou depuis que la Banque centrale européenne a revu à la baisse ses prévisions de croissance pour la zone euro. Mais lorsque l’on est décideur dans une entreprise, la question est inévitable. Car «ne rien faire c’est spéculer», a rappelé Eric Vauthey, directeur de la salle des marchés à la BCV, lors des Rendez-vous des Entrepreneurs 2019. Une manifestation organisée par la BCV qui a sillonné le canton à la rencontre des acteurs économiques de chaque région. Les participants ont pu échanger, mais aussi s’informer sur différents thèmes d’actualités, dont les solutions pour se prémunir contre les risques de taux.

Anticiper pour aider à la décision

Un mouvement de taux n’est pas sans influence sur les perspectives financières d’une entreprise. Il peut tout aussi bien toucher une multinationale qu’une PME vaudoise. Certes, le risque n’est pas le même si l’on est fortement endetté ou pas, si des investissements sont prévus ou pas, si marge de manœuvre financière il y a ou pas, si des taux arrivent à échéance demain ou dans un an. Certes, il n’y a pas de solution miracle, a encore souligné Eric Vauthey. Mais anticiper en mettant sur pied un processus de gestion du risque permet, a-t-il insisté, de prendre des décisions en toute connaissance de cause le moment venu. Et nul besoin de trop s’éloigner pour trouver des exemples. Chaque participant – ou presque – a instinctivement repensé à ce qui s’est passé dans son entreprise le 15 janvier 2015, lorsque soudain le franc s’est envolé.

Un processus bien défini

La gestion du risque implique la définition d’un processus de fonctionnement et de validation des décisions. La réflexion, elle, peut être résumée en trois étapes. En premier lieu, l’analyse de la situation passe par l’évaluation des besoins en financement, l’estimation des cash flows en monnaies étrangères et l’identification des types de risques. Suit l’évaluation des alternatives soit le passage en revue des différents types de couverture du risque de taux et de leur coût – pour l’entreprise dans son ensemble ou pour chaque crédit. Enfin, une fois la stratégie adoptée, il ne faut pas oublier son suivi.

Des choix à faire

Pour que ce processus puisse déployer toute son efficacité, l’entreprise doit en outre faire des choix, a relevé Eric Vauthey. C’est notamment vrai au moment d’évaluer les solutions qui s’offre à elle pour s’assurer contre les risques de taux. La décision relève certes d’une étude minutieuse de sa situation financière, de ses livres de commandes, etc., mais aussi de ses convictions, de ses choix. Ainsi, elle peut optimiser sa couverture, si elle est fortement convaincue par exemple que les taux monteront au premier trimestre 2020. Mais quel que soit son choix final, il aura un impact financier. De combien? C’est aussi à gérer ces conséquences que sert la gestion du risque.

S’informer

Chaque entreprise doit définir sa stratégie, il n’y a pas de mode d’emploi, de solution toute faite. Pour y parvenir, ses décideurs doivent donc se tenir informés. Ils peuvent aussi bénéficier des nombreux outils et autres sources de conseils à leur disposition. Il existe aujourd’hui par exemple des simulateurs qui permettent de mesurer les conséquences d’un mouvement de taux. Des éléments, clés de la réussite d’une démarche toujours plus complexe.

Anne Gaudard, rédactrice BCV

Pour gérer ses risques financiers, l’entreprise doit faire des choix

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