«Une transmission doit aussi pouvoir disposer d’une certaine souplesse, y compris financière, afin que les adaptations nécessaires puissent se faire en temps voulu», explique Michel Mamzer, associé du Groupe Tinguely

Entreprises 8 novembre 2019

Quand un calendrier de reprise demande de la souplesse

Tinguely Transports, entreprise lausannoise historique de transports entame sa mue en un groupe moderne de gestion de déchets de chantier grâce à une reprise échelonnée réalisée par son nouveau dirigeant, Michel Mamzer.

Silhouette élégante et émouvante: c’est un Saurer des années 60, équipé d’une lame à neige, qui marque l’entrée du site de Tinguely Transports à Malley. Le symbole n’est pas anodin, il rappelle la longue histoire de cette entreprise familiale, fondée par André Tinguely en 1952. À l’origine, la PME est spécialiste des transports. Jean-Claude Tinguely, fils d’André, développe l’activité dans un domaine complémentaire, les services de voirie, c’est-à-dire, le balayage, le déneigement et le curage de canalisations. Il lance aussi une activité de gestion des déchets de chantiers. «C’est un personnage haut en couleur, d’une générosité inimaginable. Il était axé sur le développement, avec beaucoup d’avance sur son époque», note Michel Mamzer, actuel dirigeant du groupe. Dès 2005, alors employé dans une «entreprise amie», il entame une collaboration étroite avec l’entreprise Tinguely, dirigée par Francesco Munafo, et Pierre Stutzmann avec qui il tisse alors des liens forts.

Maintien du modèle familial

C’est donc tout naturellement que Tinguely Transports se tourne vers Michel Mamzer lorsqu’il s’agit de penser à la transmission de l’entreprise, en 2017. Les deux administrateurs ont maintenu le modèle familial. « Ils ont su garder la culture de l’entreprise, l’attachement très fort des salariés, les valeurs qui caractérisent cette PME», observe Michel Mamzer. À l’époque consultant en stratégie, à son propre compte, ce dernier réalise d’abord un audit de la structure de 70 employés, au chiffre d’affaires annuel de 15 millions de francs. Au bout de six mois, il livre ses conclusions et préconisations pour la modernisation de l’entreprise et sa transmission. Convaincus, les dirigeants de Tinguely lui offrent d’entrer au capital pour la mettre lui-même en œuvre. «C’était une proposition difficile à refuser: je connaissais non seulement le secteur, mais aussi l’équipe, et j’avais bien entendu beaucoup d’attachement pour Tinguely Transports», reconnaît Michel Mamzer. En 2017, le capital des sociétés est donc réparti entre Michel Mamzer, Francesco Munafo, et Pierre Stutzmann.

Un temps d’observation

À l’époque, la reprise par Michel Mamzer est évoquée, mais n’est pas encore fermement définie. «Je souhaitais pouvoir observer comment faire évoluer cette entreprise traditionnelle, qui avait besoin de quelques investissements pour retrouver son dynamisme.»

L’essai est concluant. En 2018, les trois dirigeants de l’entreprise s’entendent sur un calendrier de reprise. Les différentes entités sont alors regroupées sous une holding, Tinguely Groupe et Michel Mamzer accède à 51% du capital la même année. Le rachat des parts de ses collègues est lui échelonné jusqu’à 2023.

Pour pouvoir réaliser ces acquisitions importantes de parts sociales, à intervalles rapprochés, Michel Mamzer a pu compter sur des prêts de la BCV. «J’avais près de 15 ans de relations commerciales avec la Banque, en tant que dirigeant d’autres structures. La BCV m’a fait confiance à partir de cet historique. Mais aussi sur la base de mon projet de reprise, étayé par un business plan solide», explique l’actuel dirigeant.

Phase de modernisation

Parmi les premières initiatives de Michel Mamzer: moderniser le fonctionnement de Tinguely Transports en numérisant, par exemple, certaines tâches administratives ou comptables. Mais aussi en développant certaines de ses activités encore peu valorisées, telles que le recyclage de matériaux de chantier, un secteur en pleine expansion, porté par le dynamisme de la construction sur l’arc lémanique. Un dynamisme tel que la reprise de l’entreprise risque de s’en trouver accélérée, pour faciliter les besoins de transformation de la structure. «Une transmission doit aussi pouvoir disposer d’une certaine souplesse, y compris financière, afin que les adaptations nécessaires puissent se faire en temps voulu.» Cette souplesse, Michel Mamzer estime l’avoir trouvée aux côtés de la BCV, «banque attachée aux entreprises à dimension humaine, et au tissu économique local et familial.»

 Camille Andres, rédactrice pour la BCV

Pour en savoir plus: www.bcv.ch/transmission