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La réforme 2020 fait débat

La réforme dite Berset, du nom du chef du Département fédéral de l’intérieur, propose de nombreux changements dans le cadre de la refonte du premier et du deuxième pilier. Ces propositions sont très sensibles, car elles touchent au système social suisse, raison pour laquelle elles laissent présager des échanges musclés entre les différents professionnels de la branche. Les visiteurs du salon PPS Prévoyance Professionnelle Suisse, qui s’est tenu à Lausanne les 29 et 30 avril derniers, en ont d’ailleurs eu un léger aperçu au travers d’un débat organisé par la BCV, qui a réuni Aldo Ferrari, membre du Comité directeur du syndicat Unia, Guy Parmelin, président de la Commission de la sécurité sociale et de la santé publique du Conseil national, David Pittet, directeur général du Groupe Pittet et Fabrice Welsch, directeur du Département Prévoyance et conseils financiers de la BCV.

Lors de leurs échanges, les orateurs n’ont pas toujours été d’accord sur les quelques points importants dont ils ont débattu. C'est notamment le cas en ce qui concerne les prestations. Si tous s’accordent à dire que cette réforme ne devrait pas y toucher, certains estiment pourtant que cela semble inéluctable.

Les modifications de cette réforme seront-elles supportables pour l’économie?
C’est un point crucial!
Guy Parmelin, président de la Commission de la sécurité sociale et de la santé publique du Conseil national

Par ailleurs, ils ne s’entendent pas sur ce qu’englobe le terme de prestations. Ainsi, Aldo Ferrari pense que le taux de conversion fait partie de la gamme des prestations, et que, par conséquent, le modifier reviendrait à diminuer les prestations, ce que le peuple a clairement rejeté lors de la votation du 7 mars 2010. Argument vivement contesté par Guy Parmelin qui estime, pour sa part, que cette baisse du taux serait compensée, comme promis lors de la votation susmentionnée. Pour lui, la question cruciale se situe davantage au niveau du financement de ces compensations et si ces modifications seront économiquement supportables. Il estime d’ailleurs que le projet tend plutôt à un accroissement des prestations. «Cela ne sert à rien de venir avec un projet qui va péjorer encore plus les entreprises et les particuliers. Trouver le bon réglage ne sera pas simple», conclut le conseiller national UDC. Aldo Ferrari relève aussi que, comme il ne faut pas toucher aux prestations, le Conseil fédéral devra toucher au financement. Et d’un côté comme de l’autre, on se demande qui va passer à la caisse. Les bas salaires, qui sont déjà les plus pénalisés? Les entreprises? Les indépendants? L’Etat? Quelques pistes tomberont probablement déjà à la fin de cet été, mais les effets ne se feront sentir que d'ici plusieurs années, notamment en ce qui concerne les répercussions de cette réforme sur les acteurs du secteur.

Les Suisses ont confiance tant dans le premier que dans le deuxième pilier qui offrent, à leurs yeux, une garantie de prestations. Et discuter de la baisse du taux de conversion, c’est discuter de la baisse des prestations.
Aldo Ferrari, membre du Comité directeur du syndicat Unia

 

La concentration de secteur

«Je crois que l’industrie de la prévoyance est en train de vivre sa crise horlogère, affirme David Pittet, et cela ne sera pas sans conséquences». Propos tempéré par Aldo Ferrari qui, pour sa part, relève que cette crise a été au final plutôt bénéfique pour l’horlogerie en la poussant à innover. Il prévoit toutefois que, d’ici cinq à dix ans, seul un millier de caisses demeureront contre près de 2000 aujourd’hui. Guy Parmelin précise que l’éventuelle concentration n’est pas liée à la réforme Berset, mais davantage à la situation économique.

Deux piliers indissociables

Un point met cependant tout le monde d’accord: l’indissociabilité entre le premier et le deuxième pilier. Il est indispensable, selon les intervenants, que le parlement ne démantèle pas le «paquet» et qu’une votation ne se fasse pas sur un pilier au détriment de l’autre. Dans le cadre de cette réforme, David Pittet estime qu’Alain Berset a démontré son intelligence d’homme d’Etat en abordant justement le problème de la retraite de manière globale. En effet, le citoyen est intéressé par le revenu de remplacement total au moment de sa retraite. Et la question centrale est donc de savoir comment faire pour maintenir ces prestations alors que la population est vieillissante.

Je pense que notre industrie aujourd’hui, celle qui gère le deuxième pilier, est en train de vivre sa crise de l’horlogerie. Cela ne sera effectivement pas sans conséquences.
David Pittet, directeur général du Groupe Pittet

Le défi de la démographie

L’augmentation de l’espérance de vie, voilà notamment un autre point qui préoccupe les intervenants de ce débat. En dehors des paramètres que sont les primes, le taux de conversion et les moyens de financement, Fabrice Welsch pointe du doigt le phénomène démographique, sous-estimé selon lui: «On est en train de changer de paradigme», explique-t-il. «Cela fait des milliers d’années que l’évolution démographique est positive. Le monde change et ces changements pourraient se répercuter négativement sur l’économie». David Pittet abonde aussi dans ce sens: «Ce changement est important. Après une croissance démographique sans précédent, certains pays montrent déjà des signes de décroissance, à l’instar du Japon». Ces modifications pourraient pénaliser les générations futures, contrairement aux aînés d’aujourd’hui qui, comme il le dit avec humour, ont connu l’amour libre des années soixante et les rentes pleines des années 2000 [«Freie Liebe, volle Rente»]. S’il reconnaît un défi démographique, Aldo Ferrari est, quant à lui, plus confiant: «Il faut avoir confiance dans notre pays et dans notre système. On a su faire jusqu’ici, on y arrivera dans le futur». L’avenir dira s’il avait raison…

Le message subliminal à l’intention de la jeune génération au travers de cette réforme est «ne comptez pas trop sur l’AVS
Fabrice Welsch, directeur du Département Prévoyance et conseils financiers de la BCV