Plus longtemps vous laissez dormir votre troisième pilier, plus les méfaits de l’inflation seront visibles.
« J’ai un compte de troisième pilier A que j’essaie d’alimenter chaque année, mais je vois bien qu’avec les intérêts actuels, je ne vais pas aller bien loin. Avez-vous des suggestions pour que je puisse améliorer ce capital ? » (Sébastien, 42 ans, Etoy)
Les comptes d’épargne de pilier 3a offrent actuellement des rendements très faibles (entre 0,05% et 0,60% selon les établissements), souvent inférieurs à l’inflation, ce qui finit par éroder le pouvoir d’achat de cette épargne sur le long terme. Plus longtemps vous laissez ronronner ces fonds, plus les méfaits de l’inflation seront visibles. Dans l’hypothèse d’une inflation moyenne de 2% durant les prochaines années, vos liquidités auront subi une dévalorisation de plus de 9% dans cinq ans. Dans cet environnement de taux historiquement bas, il est possible d’obtenir un meilleur rendement tout en restant dans le cadre de la prévoyance liée, au travers de produits de placement spécialement conçus, qui incluent une part variable d'actions en fonction de votre profil d’investisseur (fonds d’actions, obligataires, mixtes ou indiciels) et de votre sensibilité aux risques. Pour les investisseurs soucieux de durabilité, la majorité des prestataires proposent des fonds investis dans des entreprises respectant des critères environnementaux, sociaux et de gouvernance.
Le troisième pilier lié, ou pilier 3a, est une prestation de prévoyance qui constitue un complément individuel au premier pilier (AVS) et au deuxième pilier (LPP) pour la retraite.
Premier et deuxième piliers ne couvrent que partiellement les revenus issus de l’activité lucrative au moment de la retraite. Pour vivre sereinement sa retraite sur le plan financier, il est en général nécessaire de pouvoir disposer de 80% de son revenu antérieur. Plus le salaire est élevé durant l’activité lucrative, plus la lacune se révèle importante. Le troisième pilier est ainsi un élément essentiel pour compléter une partie de ses revenus.
Le pilier 3a présente également des avantages fiscaux et peut servir à constituer un patrimoine pour acquérir son domicile principal ou débuter une activité indépendante, par exemple.
La constitution d’un pilier 3a n’est possible que pour les personnes salariées ou indépendantes ayant une activité lucrative soumise à l’AVS. Il est possible de verser, chaque année, une cotisation qui s’élève au maximum à CHF 7 258 en 2025 pour un salarié ou 20% du revenu net, mais au maximum CHF 36 288, pour un indépendant qui n’est pas affilié à une caisse de pensions.
Dans l’idéal, il faudrait cotiser chaque année dès son entrée dans la vie active, en visant la cotisation maximale. C’est déjà un premier pas pour disposer d’un capital conséquent.
Les placements dans le cadre du pilier 3a sont possibles selon l’ordonnance sur la prévoyance professionnelle vieillesse, survivants et invalidité, pour viser un rendement plus élevé de son capital de prévoyance à la retraite. Pour prendre l’exemple des actions, qu’elles soient suisses ou étrangères, la loi prévoit une part limitée à 50%, qui peut toutefois être étendue pour des horizons de placement à long terme.
Un calcul effectué de 1999 à 2024 auprès de la BCV démontre qu’en ayant versé une somme annuelle de CHF 5 000 dès cette date sur un compte d’épargne de pilier 3a, avec le taux d’intérêt appliqué par cet établissement (qui a varié entre 3% et 0,05%), l’assuré obtenait un capital, au terme de cette période de 25 ans, de l’ordre de CHF 156 000. Avec la même somme versée sur un fonds de pilier 3a constitué de 40% d’actions, l’assuré obtenait, à la même date, en ayant systématiquement réinvesti les dividendes et les intérêts, une somme supérieure de quelque CHF 117 000 pour un total de l’ordre de CHF 273 000. Les performances passées ne sont pas des garanties pour le futur, mais montrent que plus tôt l’investissement est réalisé, meilleure sera la performance, tout en réduisant les risques de mauvaises surprises.
Si vous avez une capacité d’épargne constante, vous gagnerez à investir régulièrement via un ordre permanent, mensuel par exemple, dans la stratégie établie, afin d’atténuer les fluctuations des marchés et de lisser leurs effets.
Plus vous allez approcher de la date effective de votre retraite, plus le risque deviendra important. Une baisse soudaine des marchés peu avant le retrait des fonds peut entraîner des pertes et réduire le capital accumulé. C’est pour cette raison qu’un conseil financier joue un rôle clé dans le choix d’investissement de votre pilier 3a.
Un entretien personnalisé avec un conseiller ou une conseillère vous permettra de définir un horizon de placement clair, établi selon vos projets de vie et votre date de retraite. Cela influencera directement le choix du type de fonds ainsi que le mode d’investissement de votre capital. Vous évaluerez votre profil de risque et analyserez votre attitude face à la volatilité des marchés. Vous saurez également comment optimiser votre capital en fonction de vos possibilités financières et de vos projets. Enfin, le conseil financier devra aborder une stratégie de désengagement progressif : il est recommandé de réduire pas à pas la part investie en actions à l’approche de votre retraite, pour sécuriser les gains réalisés.
Pour aller plus loin dans l’analyse de votre prévoyance et de votre patrimoine global, la planification financière ou le bilan patrimonial, sont des conseils à 360 degrés prenant en compte l’entier de votre situation financière– revenus actuels et prévisibles, dépenses actuelles et futures, prestations de prévoyance, fortune, fiscalité, etc. Ils permettent de vous exposer de manière claire et précise différentes options d’optimisation de votre patrimoine global. Vous pouvez ainsi prendre les bonnes décisions sur la base d’une analyse complète et tirer pleinement parti des avantages du troisième pilier lié en fonds.
Publié dans Générations en novembre 2025