Les rendements s’envolent, aux États-Unis et ailleurs
MARCHÉS 28 octobre 2022
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Les rendements s’envolent, aux États-Unis et ailleurs

La Fed souhaite augmenter ses taux directeurs autant que nécessaire pour maîtriser l’inflation. Ces hausses des taux mettent sous pression les caisses de pensions et les gouvernements.

Le vendredi 21 octobre restera dans la mémoire de beaucoup d’investisseuses et d’investisseurs, car le rendement des emprunts d’État américains à 5 ans a dépassé les 4,5% pour la première fois depuis 2007, tandis que celui des 10 ans atteignait 4,34%. Ce mouvement a fait suite à des déclarations des membres de la Réserve fédérale américaine (Fed) indiquant au marché que la banque centrale augmenterait ses taux directeurs autant que nécessaire afin de maîtriser l’inflation.

L’effet boule de neige des hausses des taux aux États-Unis

Cette hausse des taux aux États-Unis n’est pas restée sans conséquence pour le reste du monde. En effet, le rendement des obligations d’État allemandes a tout de suite réagi en passant la barre des 2,5%, un niveau qui n’avait plus été atteint depuis 2011. Pour tout nouvel investisseur ou investisseuse, cela pourrait sembler une bonne nouvelle, mais pas pour toutes les clientes et les clients déjà investis. Cette remontée rapide des rendements est en train d’effrayer de plus en plus les marchés, et cela sans même penser aux prochaines hausses des taux directeurs, qui vont entraîner les marchés obligataires vers des pertes record.

La hausse des taux met sous pression les caisses de pensions et les gouvernements

L’un des principaux problèmes de cette remontée effrénée des taux est l’impact sur les caisses de pensions et sur les autres gouvernements. Ces derniers devront se refinancer à des taux plus élevés, mettant ainsi les budgets gouvernementaux sous pression. En guise d’effet secondaire, on notera également l’impact sur les monnaies locales et leur taux de change contre le dollar américain. Du fait de cette pression indirecte sur les gouvernements tiers, les membres de la Fed ont décidé de se réunir à nouveau afin d’évaluer la possibilité de poursuivre l’augmentation des taux directeurs, mais de façon peut-être moins agressive que prévu initialement, entraînant un léger repli du rendement des emprunts d’État américains à 5 ans vers 4,38%.

Toute remontée probable des taux entraîne presque automatiquement une vague de ventes

Ce cycle est assez négatif pour le marché, car tout commentaire sur une probable remontée des taux entraîne presque automatiquement une vague de ventes d’obligations d’État, poussant encore plus les rendements vers le haut. Aux États-Unis, la dernière vague de ventes entre dans sa douzième semaine consécutive, soit la période la plus longue depuis 1984. Ici aussi, on peut observer la propagation sur le marché, car les obligations d’État allemandes suivent exactement la même trajectoire, également pour une douzième semaine consécutive. Et, pour le moment, rien ne nous permet de dire que ce mouvement semble toucher à sa fin, surtout lorsque des membres de la Fed déclarent que la banque centrale ne mettra sûrement pas un terme à ses relèvements de taux avant d’avoir atteint «au moins» 4%. Dès lors, le marché estime actuellement a plus de 90% les chances que la prochaine hausse du taux directeur de la Fed s’élève à 75 points de base (pb). Nous serons fixés le mercredi 2 novembre, lors du discours du président de la Fed, à l’issue de la prochaine réunion de politique monétaire de la banque centrale.

 

Publié dans le commentaire hebdomadaire "Matinale Express Marchés" de la Salle des marchés de la BCV, le 25 octobre 2022