Les obligations d'État rebondissent progressivement.

MARCHÉS 12 novembre 2019
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Rebondissement des taux obligataires

Depuis la mi-août, les rendements des obligations d'État ont rebondi progressivement.

Le rendement des obligations américaines à 10 ans a quasiment atteint, à nouveau, les 2%. Le rendement du Bund allemand est passé en trois mois de -0,7% à -0,25%. Même les obligations de la Confédération sont passées d’un rendement en dessous de 1% négatif à -0,40% à ce jour. Que s'est-il passé? Cela suggère-t-il une sortie des taux négatifs et un retour de l'inflation?

Des craintes dissipées

Au cours des trois derniers mois, plusieurs événements ont permis de dissiper certaines des pires craintes pour l’économie mondiale. Les banques centrales se sont préparées à relancer l’assouplissement quantitatif en cas de ralentissement économique marqué. Les États-Unis et la Chine sont potentiellement sur le point de parvenir à un accord dans leur guerre commerciale et le Royaume-Uni n’est plus prêt à sortir de l’Union européenne sans accord.

Une «stagnation séculaire»

Alors, comment se fait-il que l’ancien secrétaire américain au Trésor, Larry Summers, ainsi que l’ancien gouverneur de la Banque d’Angleterre, Mervyn King, parlent de «stagnation séculaire» et du risque inhérent pour le système financier mondial?

Dans une interview avec Planet Money, site de podcast et blog, Larry Summers définit ce terme de la manière suivante: «La stagnation séculaire est une situation dans laquelle le secteur privé d’une économie a tendance à beaucoup économiser et à une propension limitée à investir. Par conséquent, il y a beaucoup d’argent à disposition et peu de moyen de l'absorber. Les taux d'intérêt tombent à des niveaux bas. La croissance à tendance a être lente et l'inflation à diminuer. Et ce n'est pas une situation cyclique et temporaire. C'est une situation à plus long terme, à moins d’une intervention politique très forte.»

Une économie toujours poussive

Bien que l’économie américaine se soit bien portée ces dernières années, a-t-elle vraiment fait aussi bien que prévu? Les taux d’intérêt ont été bas, le déficit budgétaire a explosé, Donald Trump a réduit les impôts et poussé la déréglementation. Tous ces événements auraient dû entraîner une accélération de la croissance économique et une hausse de l'inflation. Un argument similaire peut être avancé pour la zone euro. Malgré tout, l’économie ralentit et croît plus lentement que prévu.

Alors quels moyens utiliser pour vaincre la stagnation séculaire? Les banquiers centraux sont unanimes, les politiciens doivent mettre en place d’importants programmes de dépenses publiques. Sans l'aide d'investissements importants, le système financier et les banques centrales pourraient ne pas être en mesure de se défendre contre la prochaine crise.

Publié dans le commentaire hebdomadaire "Matinale Express - Actions" de la salle des marchés de la BCV, le 12 novembre 2019