Mélanie Mojon a fondé Kokym en 2013.

Entreprises 22 décembre 2016
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Création d’entreprise: les détails clés

Elaborer son business plan, trouver ses partenaires, construire son projet: autant d’étapes évidentes lorsque l’on conçoit son entreprise. Cependant, comment prendre en compte le risque financier, ou délimiter les rôles de chacun? Les conseils concrets de Mélanie Mojon, qui a lancé son entreprise de cosmétiques naturels, Kokym, et qui intervient au cours «Créer votre entreprise» de la BCV.

Quelles questions se poser pour passer d’une simple idée ou envie de fonder son business à une vraie aventure entrepreneuriale, qui implique souvent de quitter un emploi salarié?

Mélanie Mojon: Trois étapes sont importantes avant de se lancer. D’abord, il faut prévoir les risques personnels du côté financier. Le financement est un point essentiel quand on débute une activité. Etre entrepreneur nécessite d’avoir les reins solides. Au départ, on ne sait pas quel chiffre d’affaires sera généré, parfois il n’est pas possible de se verser de salaire. Il faut donc connaître ses propres besoins, son propre budget mensuel minimum. Je conseille de calculer ses dépenses personnelles annuelles et d’avoir une réserve de côté pour pouvoir les couvrir.

Ensuite, il faut définir un business plan, qui détaille entre autres le projet sous son aspect financier. Cette étape est très importante car elle permet de se poser des questions de fond: quel est l’objectif de l’entreprise, à quel moment elle sera rentable, etc. GENILEM ou d’autres structures sont très utiles pour nous accompagner dans cette phase. Enfin, il faut connaître sa motivation et ses passions:comme un bébé ou un mariage, un projet d’entreprise ne peut être une envie passagère, il doit vraiment donner envie de se lever le matin! Et finalement, il faut tester l’idée.

Auprès de qui, et comment tester une idée?

Tout dépend, bien entendu, du projet. Personnellement, j’ai d’abord consulté mon entourage. Mais il ne faut pas hésiter à se confronter à des clients potentiels, d’autres entrepreneurs ou professionnels du secteur. Même une personne hors du domaine peut avoir une idée ou un avis intéressant. Et une idée en amène une autre. A mon sens, l’essentiel est de ne pas être dans le secret, ou dans la peur qu’on nous ‘vole l’idée’. Au contraire: plus on parle de son projet, plus il mûrit… et plus les gens savent que c’est le vôtre.

Une fois la décision prise de se lancer, quels aspects doivent être pris en compte dans l’élaboration du projet?

Avant tout, il faut s’assurer de disposer des ressources financières pour l’entreprise, réfléchir au financement, aux apports. Il importe ensuite de savoir combien de temps l’on souhaite consacrer au projet, surtout si on l'élabore tout en maintenant un emploi salarié. Les impacts sur la vie familiale ou professionnelle ne sont pas négligeables. Avoir un projet d’entreprise, puis un business, implique de réfléchir en permanence, d’élaborer des idées, de travailler le week-end, de faire énormément de choses par soi-même. Cela demande réellement une grande implication, il faut en être conscient. Un entrepreneur doit être la locomotive: il est force de traction et personne d’autre ne le sera à sa place. Enfin, si l’on choisit des associés, il faut bien réfléchir à quelles compétences chacun apporte: la complémentarité de chacun est importante.

Justement, comment choisir ses associés et délimiter les rôles?

Il est important de sélectionner des personnes qui ont les mêmes objectifs à moyen et long terme. Il faut définir aussi comment chacun souhaite être impliqué dans la prise de décision: certains aiment être associés à chaque réflexion, d’autres moins. Il faut également être sûr de s’entendre et être conscient que travailler ensemble aura forcément un impact sur la relation de départ, notamment si ce sont des amis ou des membres de la famille. Je me suis associée avec mes parents: mon père s’occupe des finances, ma mère du merchandising et du développement de nouveaux produits, moi de la communication et du marketing, des boutiques et du développement de la marque. Les rôles sont clairs et nous prévoyons aussi un temps pour des séances officielles.

Pour grandir, une entreprise doit savoir investir. Mais comment contrôler les dépenses dans une enseigne naissante?

Réinvestir l’argent est important, mais il faut bien réfléchir avant de dépenser. J’essaye toujours de voir le retour sur investissement: si je dépense X, combien cela va-t-il me ramener? Est-ce le bon moment, y-a-t-il d’autres actions plus pertinentes à mener? A mon niveau, les premières dépenses concernaient surtout le loyer et le salaire des employés ainsi que le développement de nouveaux produits, suite aux retours de nos clients.  

Comment développer une bonne écoute des clients?

Etre à l’écoute des clients est cruciale pour la réussite d’une entreprise, dès lors je fais mon possible pour prendre en considération chaque client, que ce soit par le biais des réseaux sociaux ou directement en boutique. En 2016, nous avons d’ailleurs réalisé des événements spéciaux au moins une fois par mois (marchés, soirées…) pour être là où sont nos clients et développé des ateliers pour les enfants ainsi que des produits personnalisés pour les entreprises ou personnalités (par ex. parfums uniques -celui d’Amandine, participante à l’émission The Voice-, savons gravés avec logo…)

Avez-vous un conseil pour réseauter?

Il y a énormément d’événements sympas, le tout est de savoir ce que l’on recherche. Je pense qu’il est important de rester ouvert aux échanges et aux rencontres que l’on fait lors d’événements de réseautage et ne pas être timide. Parfois une rencontre peut nous mener à autre chose, que ce soit une simple idée pour le futur de l’entreprise, une collaboration ou une amitié.

Camille Andres, rédactrice, pour la BCV

Mélanie Mojon

En 2013, Mélanie Mojon fonde, à 23 ans, son entreprise, Kokym, après des études de marketing et de communication et un brevet fédéral en relations publiques ainsi que plusieurs années d’expériences professionnelles dans le domaine au sein de multinationales et de PME. Son entreprise est spécialisée dans les cosmétiques naturels –produits dans le respect de l’environnement, sans parabens, non testés sur les animaux– et écologiques –les parfums sont, entre autres, rechargeables. Outre deux points de vente à Morges et Fribourg, Kokym propose aussi une boutique en ligne. La jeune entrepreneuse est soutenue par ses deux parents, anciens commerçants et impliqués dans l’entreprise, ainsi que par GENILEM, et transforme notamment son concept en franchise et en un réseau de revendeurs.