Les taux d’intérêt sont remontés ces derniers mois. Ils s’inscrivent toutefois à un niveau toujours relativement peu élevé en comparaison historique.

DANS LE CANTON 21 juin 2022

Première remontée des taux depuis 2013

Il y a une année, l’inflation commençait à frémir, notamment aux États-Unis. La crainte de certains économistes était que le cocktail à base de reprise conjoncturelle, de freins dans les chaînes logistiques et de liquidités injectées dans l’économie par les banques centrales se traduise par une flambée des prix. Les banques centrales se voulaient rassurantes et parlaient d’un phénomène temporaire. Ça, c’était il y a un an...

Depuis, les tensions inflationnistes ont été renforcées par la forte reprise économique et les perturbations des chaînes logistiques. Au fil des mois, des matières premières, divers produits semi-finis ou finis ainsi que l’énergie ont renchéri. Ces tensions sont exacerbées depuis fin février par la guerre en Ukraine. En rythme annuel, la hausse des prix s’est inscrite à 8,6% en mai aux États-Unis et à 8,1% dans la zone euro. De tels niveaux n'avaient plus été observés depuis les années 1980.

La Suisse protégée par le franc

En Suisse, le phénomène a été tempéré par l’appréciation du franc et le renchérissement a été de 2,9% en mai. Cela dit, cette hausse survient après plus d’une décennie d’évolution atone des prix. Entre décembre et juin, la Banque nationale suisse (BNS) a nettement relevé sa prévision d’inflation pour 2022, de 1,0% à 2,8%.

Conséquence de cette situation: les taux d’intérêt à long terme ont augmenté. Ainsi, le rendement des obligations à 10 ans de la Confédération est passé de -0,1% à fin 2021 à 1,4% à la mi-juin. Cette hausse est en retrait par rapport à celles des emprunts allemands et des bons du Trésor américain.

Retour au niveau de 2011

Les taux hypothécaires fixes à long terme ont suivi le mouvement. Selon une estimation basée sur des données de la BNS, le taux moyen des hypothèques à taux fixe à 5 ans est passé de 1,1% à fin 2021 à environ 2,7% à la mi-juin. Les taux à 10 ans ont pour leur part été portés de 1,2% à quelque 3,2%. Bien que de tels niveaux n’aient plus été vus depuis 2011, les taux hypothécaires restent relativement peu élevés en comparaison historique.

 

En ce qui concerne les taux courts, au jour le jour ou à quelques mois, les banques centrales commencent à agir. Outre-Atlantique, la Fed a relevé cette année en trois étapes son taux directeur de 1,5%, à 1,50%-1,75%, et signalé d’autres hausses à venir. Du côté de la Banque centrale européenne, une première hausse est attendue pour l’été. En ce qui concerne la BNS, elle a relevé à la mi-juin de 0,5%, à -0,25%, son taux directeur. Il s’agissait du premier resserrement de sa politique monétaire depuis 2007 et de nouvelles hausses sont possibles ces prochains mois. Les taux négatifs restent toutefois pour l'heure d'actualité en Suisse, ce qui rend peu vraisemblable à brève échéance une forte hausse des taux des hypothèques adossées à des taux courts. Mais ils pourraient également remonter dans les mois à venir.