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Les critères ESG, un nouvel instrument de gestion du risque?

Toujours plus présente dans l’univers de l’investissement institutionnel, l’approche socialement responsable commence à se structurer.

ESG, ces trois lettres reviennent toujours plus régulièrement dans le quotidien des gestionnaires de caisses de pensions et des investisseurs institutionnels. ESG pour investissements qui prennent en compte les critères environnementaux, sociaux et de gouvernance. Le thème s’est imposé dans les assemblées générales et nombreuses sont les études sur le sujet à être publiées actuellement. Un exemple: le dernier Risk Check-up de Complementa qui a été cité dans la presse. Il en ressort qu’en intégrant les critères ESG dans leur mode de gestion, 60% des caisses de pensions espèrent diminuer leur exposition aux risques. Cependant, même si le thème gagne en visibilité, son application reste souvent au stade de la déclaration d'intention, car les freins sont encore nombreux. À commencer par la définition même du concept et sa mesurabilité, selon les sondés.

Lors d’un séminaire organisé par la BCV, il est néanmoins apparu que la structuration du domaine est en marche. Et si aucun standard ne s’est encore imposé, des points de repère existent déjà, constate Jean Niklas, CIO actions à la BCV. Une approche ESG commence par un engagement fort depuis le sommet de la hiérarchie, rappelle-t-il. «Ce premier pas peut consister, par exemple, en l'adhésion aux PRI (Principles for Responsible Investment) de l’ONU. Une signature qui entraîne l’intégration, dans son mode de gestion, des six engagements de ce programme. Un autre pas revient à mettre en place une gouvernance de portefeuille impliquant un vote systématique lors des assemblées générales des sociétés détenues».

Politique d’exclusion

L'intégration de l’ESG dans la gestion proprement dite peut prendre plusieurs formes. Elle commence en général par une politique d’exclusion. Soit: bannir des portefeuilles certaines activités ou sociétés sujettes à des controverses importantes. Une pratique qui nécessite des ressources si elle est gérée à l’interne, car le travail d'analyse est d’une grande ampleur. À titre d’exemple, 25% des sociétés composant le MSCI World sont concernées, à un degré ou à un autre, par le tabac et l’alcool, et plus de la moitié de cet univers d'investissement ne passerait pas l’examen de l'application la plus stricte des critères ESG couramment utilisés.

En Suisse, l’ASIR (Association suisse pour des investissements responsables), fondée par les plus gros investisseurs institutionnels du pays, se charge notamment de fournir une liste d’exclusion de sociétés, basée sur leur activité et leur conduite. Pour les exclusions d'activités, elle passe en revue les portefeuilles de ses membres et exclut de facto tout ce qui est contraire à la législation suisse et aux engagements internationaux pris par Berne. Il y a aujourd’hui seize entreprises sur la liste rouge. Concernant les cas de conduite, elle identifie les cas problématiques (non-respect des droits de l’homme, etc.). Si, après analyse récurrente et discussion avec la société concernée, aucune amélioration n’est entrevue, le titre rejoint la liste d’exclusion.

Responsabilité des investisseurs

«Notre but est d’améliorer les standards des industries en mettant en application notre responsabilité d’investisseur, c’est-à-dire en s’engageant aux côtés de la société civile. Un engagement pas forcément visible de l’extérieur», précise Jacqueline Oh, directrice générale de l’ASIR. Tous les thèmes ne sont en revanche pas évidents à aborder. Un exemple? L’Accord de Paris. «Sa prise en compte est aujourd’hui difficile comme critère d’exclusion, car ses effets ne se liront que demain, ils sont donc peu mesurables.»

Toujours plus d’indices ESG

Une voie de plus en plus souvent empruntée est celle des indices ESG, dont le nombre croît fortement. Pour les investisseurs, ils représentent une approche efficace, cohérente et relativement peu coûteuse. Selon MSCI, ils permettent aussi d’influencer le comportement des sociétés à plus long terme. «L'obtention d'une bonne note influence positivement la pondération d'une société au sein d'un indice ESG, ce qui va inciter les investisseurs à la détenir et donc la société à agir», explique en substance Christine Chardonnens, directrice exécutive de MSCI Genève.

Comment ces indices sont-ils construits? Chaque société reçoit une note ESG qui résulte de la pondération des notes obtenues pour chaque critère ESG la concernant. Ces critères sont définis par type d'activités et diffèrent au gré des secteurs. Ainsi, une banque ne sera pas analysée au travers des mêmes critères qu'une société pétrolière. Ces clés d'analyse se chiffrent par centaines. L'analyse ESG d'une société exige donc des ressources conséquentes. MSCI emploie, par exemple, 200 analystes dédiés. La liste de critères évolue, elle comprend ainsi depuis peu la transparence fiscale. La note finale est accompagnée d’un score dit «de controverse», qui met le doigt sur le fait – ou sur le risque – que la société soit impliquée dans un scandale (corruption, travail des enfants, etc.).

Quelle performance?

Pour les investisseurs, la question de la performance et du niveau de risque de ces indices représentent évidemment un enjeu majeur. «Il a été démontré qu'il était possible de créer des univers (et donc des indices) ayant un profil ESG supérieur aux univers traditionnels, mais avec un profil de risque et de rendement globalement similaire. Ces univers correspondent à certains indices ESG offerts sur le marché. Ils peuvent par conséquent servir de benchmarks pour la gestion, au même titre et en remplacement des indices traditionnels», constate Jean Niklas.

Dans un domaine en plein développement, Swiss Re, un des plus gros investisseurs institutionnels de Suisse, peut se targuer de plusieurs années d’expérience – adhésion aux PRI en 2007, benchmark ESG dès 2016. Engagé dans une démarche ESG globale, le premier réassureur mondial a pu constater dans ses portefeuilles que l’approche ESG apportait un rendement plus ou moins identique aux indices non ESG, mais sans augmentation de risque, puisque la volatilité est même plus basse. «Les ratios de rendement-risque sont ainsi meilleurs, ce qui justifie notre démarche sur le plan économique», relève Pascal Zbinden, co-responsable de l’allocation stratégique d’actifs. Et de préciser qu’«il n'y a pas chez Swiss Re Asset Management une équipe dédiée à l’ESG séparée des autres. Toutes sont reliées, puisque la démarche ESG est en conformité avec la politique de l’entreprise en général».

Autant d’arguments pour une standardisation accrue de l’approche ESG pour les investisseurs institutionnels? Toute l'industrie (entreprises, caisse de pensions, fondations, gestionnaires et fournisseurs d'indices) participe à l’évolution rapide de l’ESG. La mise en place de nomenclatures et d'approches standardisées pour les investisseurs institutionnels devrait ainsi suivre.

Quelques points de repère

ISR: investissements prenant la responsabilité d’être socialement responsables

ESG: traduction de cette prise de responsabilité dans les domaines de l’environnement, du social et de la gouvernance.