"Nous sommes dans un environnement de marché polarisé et je suis plutôt sceptique quant à un rebond durable des marchés", a confié Fernando Martins da Silva à Finanz und Wirtschaft.

MARCHÉS 29 avril 2020

"Un optimisme potentiellement exagéré"

Dans son Mittwochsinterview, le magazine alémanique Finanz und Wirtschaft a donné la parole au directeur de la Politique d'investissement de la BCV. Extraits.

  • Pourquoi pouvons-nous craindre un excès d’optimisme sur les marchés?

La reprise des marchés des actions a été très rapide. Elle a été marquée par la bonne performance des grandes valeurs technologiques et, sur le marché suisse, des grandes valeurs défensives sur lesquelles se sont précipités les investisseurs désormais positionnés de manière défensive. La situation est totalement différente pour les titres cycliques. Ainsi, nous sommes dans un environnement de marché polarisé et je suis plutôt sceptique quant à un rebond durable des marchés.

  • Qu'est-ce qui est compris dans les cours des actions et qu'est-ce qui ne l'est pas?

Les cours des actions incluent une forte récession. Le deuxième trimestre sera mauvais, nous le savons. En revanche, de nombreux acteurs du marché s'attendent à une croissance rapide des bénéfices, je n’y crois pas. Après la crise financière de 2008, par exemple, il a fallu attendre deux à trois ans pour voir les bénéfices retrouver leur niveau d’avant la crise. Si une amélioration rapide est possible dans un premier temps, la situation va se compliquer par la suite, car de nombreux secteurs – comme le voyage ou le tourisme – ne retrouveront que lentement leur niveau d'avant crise. Le marché n'a pas encore intégré ces éléments, ainsi, aux premiers revers, le risque de déception est grand.

  • Votre pire et votre meilleur scénario?

Le pire scénario serait une grave récession suivie d'une faible reprise au troisième trimestre. Un prolongement de la récession toucherait particulièrement les petites entreprises. Un autre mauvais signal serait que le climat des affaires souffre et que la confiance des consommateurs tarde à revenir malgré les injections de liquidités. À l’inverse, la classe moyenne américaine pourrait constituer le moteur de la reprise. Dès que l'économie se normalisera, elle recommencera à investir et à consommer. Cela ne ramènera pas les bénéfices des entreprises à un niveau élevé, mais renforcerait la confiance. Alors, les actions redeviendront attrayantes. Ce scénario pourrait être soutenu par le développement et l’approbation prochaine d’un vaccin contre le Covid-19.

Retrouvez l'entier de l'interview en allemand sur notre site.