Les obligations de transition font le pont entre les obligations standard et les green bonds.

MARCHÉS 4 février 2020

Les obligations de transition

Depuis plusieurs années, la tendance est au vert. Jusqu’à présent, du côté obligataire, les green bonds – obligations émises dans le but de financer un projet ou une activité à bénéfice environnemental –étaient au cœur des conversations.

Du standard au vert

Depuis quelques mois, une nouvelle classe d’actifs voit le jour. Il s’agit des obligations dites de transition. Ces obligations, qui devraient, à terme, faire le pont entre les obligations standard et les green bonds, serviront à aider les émetteurs actifs dans les secteurs considérés comme polluants, tels que la production de pétrole et les mines de charbon, à financer leur transition vers des modes de fonctionnement plus propres. Cela concerne ainsi les sociétés qui n'ont pas la possibilité d'émettre, à ce jour, des obligations vertes, parce qu'elles n’œuvrent pas dans l’immédiat sur des projets suffisamment propres.

Vers une réduction des émissions de carbone

La première émission de ce genre, a vu le jour en novembre dernier. Le Crédit Agricole a émis une obligation de transition d’un montant de EUR 100 millions, souscrite par AXA. Un montant équivalent au produit de l'obligation de transition sera alloué par Crédit Agricole CIB à une sélection de prêts accordés pour des projets contribuant à la transition environnementale de secteurs à forte intensité de carbone. Selon des estimations internes, les projets sous-jacents devraient permettre de réduire le volume des émissions de carbone de 26,500 tCO2 (source: Zone Bourse).

Un soutien à l’environnement, vraiment?

Ces obligations qui, de prime abord, semblent vouloir aider l’environnement inquiètent les investisseurs. Ceux-ci estiment que des entreprises pourraient obtenir des fonds pour des projets sans vrai avantage environnemental. Un ensemble de lignes directrices de l’industrie pourrait aider à dissiper ces préoccupations pour les futures transactions. Pour le moment, la définition des green bonds du point de vue de l’Union européenne n’inclut pas ces obligations.

Pour le futur de ces deux types d’obligations, le marché va devoir mettre un cadre très strict autour de l’emploi de ces terminologies, car elles doivent être considérées comme deux classes d’actifs différentes.

Obligations liées au développement durable

Actuellement, le potentiel des obligations de transition paraît prometteur. Pour lutter contre les abus de terminologie, une autre classe d’obligations est en train de voir le jour: les obligations liées – ou indexées – au développement durable. Ces obligations, plus restrictives, devraient mettre tout le monde d’accord, car une de leurs principales caractéristiques serait les différents buts à atteindre dans un certain laps de temps. Autrement dit, l’émetteur de ce type d’obligations devra avoir atteint des buts fixés à l’avance, à certaines dates. Si les conditions de développement durable ne sont pas remplies, le taux d’intérêt pourrait être revu à la hausse. Pour l’heure, un seul émetteur a utilisé cet instrument; il s’agit d’Enel (Ente Nazionale per l'Energia Elettrica, compagnie d’électricité) en Italie (source: Bloomberg).

 

Par Ivana Vuletic, BCV.

Publié dans le commentaire hebdomadaire "Matinale Express - Actions" de la salle des marchés de la BCV, le 4 février 2020