Un réseau de stations-services proposant de l'hydrogène devrait être mis sur pied.

MARCHÉS 18 juin 2018
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Prêts à rouler à l'hydrogène?

La voiture à hydrogène semble devoir succéder à la voiture électrique. C’est ce qui ressort d’un des points de l’étude Sophia 2018 sur le rapport de la population suisse à la mobilité. 60% des sondés pensent qu’il faut promouvoir d’autres technologies, en particulier celle de l’hydrogène.

Les véhicules fonctionnant à l’hydrogène sont considérés comme théoriquement «propres» car ils ne rejettent que de l'eau. Mais l’hydrogène n’existe quasiment pas à l’état brut et doit être produit de manière industrielle. Mais voilà: ce gaz est produit dans le monde à 90% à partir d’hydrocarbures ou de charbon, et donc avec de fortes émissions de CO2. Seuls 10% sont produits à partir du procédé d’électrolyse, non polluant. Et il est plus cher à produire que le gaz naturel.

Recherche station-service désespérément

Actuellement, ce carburant manque surtout d’infrastructures d’approvisionnement pour que la mobilité H2 puisse prendre son essor. En Suisse, il n’existe qu’une station-service publique proposant de l’hydrogène. Elle se situe en Argovie et bénéficie d’un hydrogène vert, produit par électrolyse grâce à la force hydraulique du canton. Mais différents acteurs, partenaires publics ou privés, ont décidé de passer à l’action en privilégiant les véhicules utilitaires. Une flotte d’une dizaine de camions peut rentabiliser une station à hydrogène, alors qu’il faudrait 30 à 50 fois plus de voitures pour arriver au même résultat.

Il y a tout juste un mois, Coop, Migros, Avia et Agrola annonçaient une nouvelle association de promotion de l’hydrogène pour mettre sur pied un réseau national de stations-services d’ici à 2023. Le but est d’en faire bénéficier en priorité les camions Coop et Migros, mais aussi des voitures particulières. Pour l’heure, les grands constructeurs de camions (Mercedes, Volvo, Scania ou Man) privilégient toujours le diesel. Mais la situation devrait évoluer.

Europe et Japon dans la course

La France cible aussi d’abord les véhicules utilitaires et à usage professionnel (taxis, flottes de sociétés, véhicules de livraison). Le gouvernement consacrera 100 millions d’euros au déploiement d’une centaine de stations à hydrogène d’ici à 2023, qui seront ensuite mises aussi à disposition des voitures. Un soutien à la mise en place d’électrolyseurs pour sa production est également prévu dans le plan.

L’Allemagne s’est fixé l’objectif de disposer d’un million de véhicules électriques d’ici à 2020 en misant notamment sur l’hydrogène. Actuellement, 200 à 300 véhicules à hydrogène circulent en Allemagne, pays qui compte 43 stations de recharge. Elle en vise 100 en 2019 et 400 en 2023.

Le Japon compte déjà près de 100 stations à hydrogène en activité et 80 de plus devraient être installées dans les quatre prochaines années. D’ici à 2025, les autorités ont fixé un objectif de 320 stations installées, puis 900 d’ici à 2030.

À la vitesse où l'hydrogène semble prendre la place de l'électrique, à quand le prochain nouveau carburant?

Publié dans le commentaire hebdomadaire "Matinale Express - Actions étrangères" de la salle des marchés de la BCV le 18 juin 2018