Lors de la Journée de l’Industrie, le Conseiller fédéral, Guy Parmelin, a souligné l’importance de l’innovation pour la prospérité de la Suisse.
Lors de la Journée de l’Industrie, le président de l’organisation faîtière des machines, Hans Hess, a rappelé les ingrédients nécessaires au maintien de la Suisse dans le wagon de tête des pays innovants.
Seuls 54% des membres de Swissmem connaissent la CTI. Lors de la Journée de l’Industrie, qui s’est tenue en juin au SwissTech Convention Center de l’EPFL, Hans Hess, le président de l’Association faîtière de l’industrie des machines, des équipements électriques et des métaux, s’est étonné du peu de renom de la commission fédérale pour la technologie et l’innovation, un outil devant favoriser le transfert de technologie de la recherche au marché. Il a rappelé l’importance de l’innovation pour une branche qui a subi de plein fouet le renforcement du franc et dont un quart des membres ont enregistré une perte opérationnelle l’an dernier. «L’innovation, c’est l’élixir de vie de l’industrie suisse, la substance pour guérir la maladie des marges», a-t-il martelé en appelant les entreprises à être «curieuses, ouvertes et courageuses».
Le sondage sur les facteurs de succès de l’innovation lancé par l’organisation faîtière auprès de ses membres relève par ailleurs qu’une entreprise sur deux a coopéré ces deux dernières années avec des tiers – autres entreprises, hautes écoles, clientèle, etc. – pour leur processus d’innovation. «Cela signifie que la moitié ne le fait pas, or les entreprises qui coopèrent avec des tiers doublent leurs chances en matière d’innovation», a poursuivi le président de Swissmem. L’entreprise aiglonne, Apco Technologies, s’est ainsi appuyée sur l’Agence spatiale européenne (ESA) et les hautes écoles pour parvenir à intégrer sa technologie dans les fusées Ariane. Oui, a ajouté Olivier Haegeli, vice-directeur de Willemin-Macodel, spécialiste jurassien du micro-usinage et surfaçage, «nous n’aurons jamais toutes les ressources à l’interne, aller les chercher à l’extérieur est donc tout à fait naturel. Attention cependant à choisir des partenaires complémentaires pour pouvoir transformer cet échange en situation profitable pour toutes les parties. Si nous ne partageons rien, nous n’obtenons rien en retour».
Outre le travail commun, Hans Hess a aussi insisté sur l’importance de la culture d’entreprise dans le processus d’innovation. Du rôle de chacun. D’une stratégie clairement formulée et d’une planification à long terme tant dans les produits que dans les processus. «Plus la direction est capable de créer un environnement favorable à l’innovation, plus l’implication des collaborateurs est grande». Innover, ce n’est cependant pas qu’une question de produit ou de procédés. «La numérisation permet ainsi davantage d’innovation dans les modèles commerciaux», cite Hans Hess. Olivier Haegeli le souligne d’ailleurs: «nous ne vendons pas des machines d’usinage, mais des solutions d’usinage interconnectées». Et Hans Hess de rappeler que la Suisse doit investir davantage pour ne pas prendre du retard en la matière.
Dans un pays souvent cité parmi les premiers au monde en termes d’innovation, le danger d’un relâchement provient du manque de ressources internes, qu’elles soient financières ou humaines, mais aussi, a souligné Hans Hess, «de vision parfois à trop courte échéance». Car ne l’oublions pas: «on est bon, mais les autres aussi». Et de rappeler qu’il existe pourtant de nombreux outils et organismes à disposition des entrepreneurs pour les accompagner dans un processus essentiel à la génération de marges suffisantes. A l’instar donc de la CTI, qui va intégrer Innosuisse dès le 1er janvier 2018.
Parmi les soutiens existants, il y a encore ceux prodigués par la branche même. «Swissmem met à disposition des coaches en innovation qui disposent d’une longue expérience dans la gestion de la R&D dans l’industrie. Ils peuvent par exemple aider à identifier des solutions, les partenaires potentiels ou à remplir les dossiers de candidatures pour les agences d’encouragement nationales ou internationales», rappelle Hans Hess. Ceci sans même parler des soutiens existants au niveau européen.
Alors oui, le processus d’innovation varie d’une entreprise à l’autre, poursuit le président de Swissmem. Cela dit, «les idées lumineuses sont importantes, mais elles ne mènent pas toutes au succès». L’innovation n’est pas le fruit du hasard, mais d’un long travail. D’un juste travail. «Nous n’avons jamais cessé d’innover, a ainsi donné en exemple le président du Conseil d’administration de Logitech, Guerrino de Luca. Mais à un moment donné, nous avons cessé de vraiment innover». Du coup, après quarante trimestres de croissance à deux chiffres, l’entreprise a calé. «Le pire, c’est de faire plus ou moins la même chose. Il faut toujours chercher ce qui est «relevant» pour le client. Ne pas avoir peur de sortir de certains secteurs pour mieux investir d’autres». Et de citer le cloud pour Logitech. Avant de conclure avec ce conseil: «La Suisse doit continuer à exploiter sa petite taille pour rester agile dans le monde».
Anne Gaudard, rédactrice, BCV
Pour en savoir plus: www.swissmem.ch