
Suite à la pandémie, la Banque centrale européenne a lancé un programme de relance économique de 1’350 milliards d’euros, cherchant ainsi à protéger les économies les plus vulnérables de la zone euro.
La BCE raréfie la liquidité des marchés européens
En 2015, la Banque centrale européenne (BCE) commençait son plan de rachat d’obligations dans le cadre de son régime d'assouplissement quantitatif. Initialement, la BCE était liée à des règles d'achat strictes pour contrer les accusations de financement monétaire. Suite à la pandémie du Covid-19, tout a changé. Afin d’éviter une nouvelle crise de la dette européenne, Mme Christine Lagarde, présidente de la Banque centrale, a abandonné ces règles d’achats restrictives et lancé un programme de relance économique de 1’350 milliards d’euros. Les fonds ont ainsi été directement injectés dans les marchés obligataires depuis mars et leur montant total a été tout récemment augmenté d’environ 500 milliards d’euros supplémentaires pour contrer une possible double récession.
Une mesure à double tranchant
Cette intervention de la part de la BCE a certes des avantages pour la tenue du système financier européen, mais également des inconvénients. Ce qui inquiète principalement les professionnels de l’investissement est la « japanification » du marché monétaire européen, autrement dit une situation marquée par des taux d’intérêt durablement bas, une faible inflation et une volatilité de marché presque totalement neutralisée par les achats de la BCE.
À travers ses interventions, la BCE cherche à protéger les économies les plus vulnérables de la zone euro, en supprimant leur risque de crédit. Nous pouvons l’observer avec les rendements des pays dit périphériques, qui sont descendus rapidement vers 0%, voire en-dessous. Le rendement des emprunts d’État du Portugal à 10 ans est tombé sous la barrière de zéro pour la première fois de son histoire, ne laissant désormais que l’Italie et la Grèce qui offrent des rendements positifs dans cette partie de la courbe des taux.
Zone euro dans un cycle déflationniste?
Bien que jamais mentionnée par la BCE, son action ressemble à un contrôle de la courbe des taux, à l'instar de ce que fait la Banque du Japon depuis 2016. Le problème avec une telle politique est que le résultat n’est pas garanti, le Japon en étant la preuve vivante, mais surtout cela risque de pousser la zone euro dans un cycle déflationniste avec peu ou pas de porte de sortie. Outre cela, les avantages pourraient être annulés par une flambée de l'euro. À ce jour, l'indice de l'euro pondéré en fonction des échanges a déjà bondi de 7% et se trouve proche d'un niveau record.
Tout cela nous montre bien qu’il est difficile de trouver la bonne recette, surtout quand une banque centrale doit jongler entre un plan de relance ambitieux, des facteurs de marché difficiles, tout en essayant d’éviter une déflation.
Par Benjamin Gross, BCV
Publié dans le commentaire hebdomadaire "Matinale Express - Actions" de la salle des marchés de la BCV le 15 décembre 2020
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