La vente des véhicules électriques a connu une croissance de 51% l'an dernier.

MARCHÉS 26 février 2018
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Incontournable cobalt

Batteries de smartphones, tablettes, mais aussi voitures électriques. Toutes ont un point commun: le cobalt, qui constitue un de leurs composants essentiels et qui se révèle indispensable dans les nouvelles technologies.

Les investisseurs ne s’y sont pas trompés et ont provoqué une flambée des prix de ce métal rare. Sur le marché du London Metal Exchange (LME), le prix de la tonne de cobalt est monté à USD 82 000 à mi-février, en hausse de 250% sur deux ans à son plus haut niveau historique. Autre indicateur, et non des moindres, Apple chercherait à sécuriser son approvisionnement en cobalt pour les cinq prochaines années. Pour garantir son stock de batteries, la firme négocierait même directement avec des exploitants miniers en vue d’acquérir des milliers de tonnes du précieux minerai.

Du cobalt pour les véhicules électriques

Si les ventes de véhicules électriques ne représentent pour l’instant qu’une part mineure dans l’industrie automobile, celles-ci ont tout de même connu une croissance de 51% dans le monde l’an dernier. Cette croissance devrait même devenir exponentielle ces prochaines années. De nombreux pays prévoient en effet l’abandon progressif des voitures à essence et diesel, ce qui pousse les constructeurs à se préparer à une hausse de la demande en véhicules électriques. Un approvisionnement soutenu de cobalt est alors nécessaire, puisque ce métal permet de produire des batteries plus légères et plus résistantes. Le géant des matières premières basé en Suisse, Glencore, a ainsi affirmé récemment qu’il discutait avec Volkswagen et Tesla pour leur fournir du cobalt. Glencore compte produire 63 000 tonnes de cobalt en 2020, contre 27 000 tonnes en 2017.

60% de la production mondiale en République démocratique du Congo

La République démocratique du Congo détient près de la moitié des ressources globales en cobalt et représente 60% de la production mondiale. Avec l’augmentation de la demande, l’extraction se fait de plus en plus dans des mines artisanales, dans des conditions souvent déplorables. Les «creuseurs» vendent leur minerai brut tout au plus USD 7 000 la tonne aux négociants. Devant l’envol de la demande, le pays prévoit de multiplier par cinq sa taxe sur le métal. Si cette dernière inquiète, la perspective d’une pénurie de cobalt effraie encore plus, alors que la demande pourrait augmenter de plus de 9 300% d’ici à 2040, selon certaines estimations.

Si ces batteries semblent être essentielles aux technologies plus durables et à l’abandon des énergies fossiles, elles pourraient également nous rendre dépendants de chaînes d’approvisionnement tout aussi instables et inégales que celles que l’on désire éviter. Amnesty International a ainsi témoigné, à maintes reprises, sur le travail d’enfants et d’adultes dans les mines congolaises, qui se déroule dans des conditions épouvantables. Il est toutefois encourageant d’observer que quelques sociétés d’électronique et de véhicules électriques investissent dans la recherche pour trouver des alternatives au cobalt dans la fabrication de leurs batteries. Avec, peut-être, cette fois-ci, une énergie 100% verte?

 

Publié dans le commentaire hebdomadaire "Matinale Express - Actions étrangères" de la salle des marchés de la BCV le 26 février  2018