Pour Thomas Gendulphe, responsable des sites d'informations de la BCV, des solutions de sites web clés en mains peuvent s'avérer pertinentes pour des petites entreprises.

Entreprises 5 juillet 2016
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Bien choisir son prestataire web

Pour une PME, disposer d’une présence sur internet est aujourd’hui indispensable, que ce soit pour répondre aux besoins de ses clients ou pour cibler des nouveaux consommateurs. Mais "présence" a une signification différente pour chaque entreprise. Selon son activité, ses moyens et ses compétences, elle pourra recourir à un prestataire externe. Pour le choisir, différents critères sont à prendre en compte, comme l’explique Thomas Gendulphe, responsable des sites d’informations à la BCV.

Sur quels critères une PME peut-elle choisir à qui confier le développement de son site Internet?

Thomas Gendulphe: Trois aspects sont déterminants. D’abord, les besoins. Toute entreprise n’a pas besoin d’une importante vitrine en ligne. Parfois être bien référencé sur Googlemap via Google Business suffit, selon l’activité. C’est gratuit, mais il faut faire la démarche qui est le minimum vital, à mon sens, d’une présence commerciale en ligne.

Ensuite, il y a la question des coûts: selon la taille de la PME, si on est artisan à son compte par exemple, il n’est pas nécessaire d’investir dans une réalisation sur mesure. Dans ce cas-là, mieux vaut choisir une solution clé en main, plus économique, qui propose en ligne des modèles de sites web prêts à l’emploi, sur lesquels on a juste à intégrer ses contenus (textes, photos, vidéos, informations pratiques). C’est plus économique. Finalement il faut chercher les prestataires existants et comparer leurs précédentes réalisations, les différents sites qu’ils ont pu construire, pour se faire une idée de ce dont ils sont capables. Pour trouver un prestataire il ne faut pas hésiter à suivre ce qui se fait de mieux notamment via les festivals et prix locaux : Le Meilleur du Web, Swiss Web Program Festival, Best of Swiss Web: autant d’événements qui fixent des standards.

Comment fonctionnent les services clé en main?

Ce sont des plates-formes  comme WIX ou E-monsite -il en existe bien d’autres, encore plus spécifiques selon l’activité des entreprises qu’elles présentent—. Leur modèle est en général freemium: gratuit, jusqu’à un certain niveau. Il n’est pas nécessaire d’être expert en informatique pour y ajouter les éléments que l’on souhaite faire figurer sur son site, et le personnaliser dans la limite de ce qui est possible. Ils sont gratuits mais il faut parfois débourser quelques dizaines de francs pour des services additionnels, le référencement de votre site par les moteurs de recherche, notamment. Mais les coûts moyens de ces outils sont très faibles et ils sont aujourd’hui relativement performants.

L’inconvénient: votre site est prisonnier de la plate-forme qui l’héberge. Si votre activité se développe et que de nouveaux besoins en ligne apparaissent, il faudra le refaire pour l’héberger ailleurs.

Dans quels cas recourir à un prestataire externe?

Principalement dans trois situations: lorsqu’on ne souhaite absolument rien faire par soi-même, y compris pour ouvrir un site sur une plate-forme existante en ligne. En second lieu quand on exige un design très spécifique. Ou alors lorsqu’on souhaite mettre en place des fonctionnalités particulières sur le site qu’aucune solution ‘prête à l’emploi’ en ligne ne propose. Par exemple le fait de détailler des caractéristiques des produits d’une manière spécifique ou d’offrir des services de pointe –visualisation en réalité virtuelle par exemple— qui demande un développement long et sur mesure.

Peut-on estimer les coûts de développement d’un site internet par un prestataire externe?

C’est toujours difficilement quantifiable. Tout dépend du sous-traitant choisi. Une solution de base à un tarif low-cost peut revenir à 5000 francs. Cela implique le développement de quelques pages et aucun suivi ensuite, hormis des petites retouches ou des précisions à modifier dans les six mois suivant la livraison.

À partir de 20 000 francs on peut obtenir un site plus travaillé, avec une personnalisation forte et éventuellement un module sur mesure: réservation, enregistrement, etc. Cela permet plus d’ergonomie, c’est-à-dire plus de confort pour l’utilisateur mais aussi un réel travail graphique sur le design. A ce prix-là, l’entreprise n’assure pas qu’une simple présence mais développe déjà sa propre identité en ligne.

A noter d’ailleurs que lors de la création ou de la refonte d’un site internet, il est fréquent pour une entreprise de se poser la question de son branding. Logo, graphisme, imprimés: c’est l’occasion de repenser le design de tous ces éléments.

Jusqu’où s’impliquer dans la création du contenu?

C’est une question très importante à se poser avant la réalisation du site. La problématique numéro un d’un site internet, c’est son contenu, pas la technique. Qu’il s’agisse de textes, photos ou vidéos, les internautes s’attendent aujourd’hui à une qualité de contenu professionnelle. Une PME ne dispose pas toujours de ces compétences et mieux vaut solliciter des professionnels externes (vidéastes, journalistes RP, graphistes), car l’image de l’entreprise est en jeu, et c’est un aspect qui permet de faire une réelle différence vis-à-vis d’un concurrent. Les professionnels du marketing de contenu sont nombreux et faciles à contacter via LinkedIn notamment. Ici aussi, mieux vaut les choisir vous-même car les agences de développement web n’ont pas toujours un réseau étendu dans le domaine, notamment dans la traduction. Pour garder une maîtrise et expliquer ce que vous voulez, n’hésitez pas à discuter sur la base d’exemples précis.

Une présence en ligne suppose-t-elle une présence sur les réseaux sociaux?

Les réseaux sociaux demandent un effort d’animation soit, au minimum, une publication par semaine —et encore c’est vraiment peu—. Cela peut représenter trois heures de travail hebdomadaires selon le nombre de réseaux choisis. Les réseaux demandent une aisance avec le langage d’internet et du temps. Ils ne sont pas pertinents pour toutes les activités. C’est important d’y être si l’on veut créer une marque ou assurer une discussion avec ses consommateurs, voire créer une communauté. Une page Facebook ne peut en aucun cas remplacer un site internet car son indexation dans les moteurs de recherche ne sera pas pertinente. C’est éventuellement utile pour des cafés ou des lieux de restauration qui proposent des événements car l’outil Facebook est très lié à l’actualité.

Une fois le site développé, faut-il l’entretenir?

Oui c’est évident. Tous les six mois ou une fois par an, il importe d’adapter les photos des collaborateurs, des réalisations, la liste de prix. On peut prévoir une petite rubrique d’actualité et la mettre à jour régulièrement. Au moment de la conception du site, il faut penser à cet effort d’actualisation et savoir comment le limiter pour l’entreprise.

Finalement, qu’est-ce qu’un client s’attend à trouver en ligne aujourd’hui, quelle que soit l’entreprise?

Au minimum, une présentation de l’offre de service ou de produits, et les moyens de contact: horaires, plan sur Google Maps, téléphone et mail. De plus en plus, les clients aiment aussi pouvoir vérifier la disponibilité en ligne de certains produits, voire pouvoir les commander directement de chez eux. Au final, aujourd’hui, pour qu’une rencontre physique ait lieu ou que la personne se déplace, c’est pour une raison bien précise, pas pour obtenir une information déjà disponible en ligne.

Camille Andres, rédactrice, pour la BCV