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Quels rendements peut-on espérer ces prochaines années?

En matière de performance, la solution miracle n’existe pas. Cela ne veut cependant pas dire qu’il n’existe pas des solutions, ou plus exactement des pistes, afin d’optimiser les rendements des portefeuilles sur le long terme. L’objectif n’est pas de proposer une optimisation formelle rendement-risque qui, elle, doit être adaptée aux besoins de chaque caisse de pensions. Le but est plutôt de proposer une vision d’investissement qui tient compte de la situation actuelle, à savoir une rémunération extrêmement faible des placements obligataires. Dans cette optique, nous nous sommes intéressés à la manière de modifier un portefeuille par rapport aux indices de références utilisés, depuis plusieurs années, par la grande majorité des professionnels de la finance.

Une époque étonnante  

L’époque actuelle est marquée par des chiffres extraordinaires qui démontrent une tendance complètement anormale avec, entre autres, un montant colossal d’obligations étatiques offrant un rendement inférieur à 1% et près de sept mille milliards d’obligations étatiques, principalement en francs suisses, en euros et en yens, avec des rendements négatifs. Par ailleurs, depuis 2008 et la faillite de Lehman Brothers, on a assisté à plus de 540 baisses de taux, soit une tous les trois jours ouvrables, ce qui prouve les difficultés conjoncturelles de ces dernières années. Malgré tout, les marchés des actions mondiales ont dégagé des performances à deux chiffres en 2012, 2013 et 2014.

Ces constatations suscitent la question suivante: cette situation est-elle appelée à se normaliser? Et si oui, le sera-t-elle très rapidement, d’ici un à deux ans? On peut en douter. En effet, beaucoup d’éléments justifiant la situation actuelle ne peuvent pas se dissiper à très court terme. Par exemple, si l’on regarde les prévisions sur l’«output gap» – c’est à dire la différence entre PIB mondial et le PIB potentiel – émises par l’OCDE, on constate un bilan négatif dont il faudrait plusieurs années de croissance plus robuste pour qu’il se rééquilibre. Conclusion: la tendance de l’inflation mondiale restera contenue et la normalisation des taux va prendre un certain temps.

Inflation basse: output gap négatif

L’OCDE prévoit que l’offre restera supérieure à la demande au cours des prochaines années.

Disparité régionale

Le défi à relever n’est évidemment pas le même que l’on soit de ce côté-ci de l’Atlantique ou de l’autre. Ainsi, aux Etats-Unis, la situation est finalement assez équilibrée avec un taux de chômage à 5,5%, un niveau presque normal. En outre, les problèmes de pressions déflationnistes n’y existent pas vraiment, d’autant plus que le crédit aux ménages est redevenu normal.

La situation est tout autre au Japon et en Europe. A 11,2%, le taux de chômage européen est très élevé, loin de la norme. Par conséquent, l’inflation risque encore de baisser ou, au moins, de rester extrêmement basse ces prochaines années. De ce fait, les banques centrales, que ce soit celles du Japon, de la zone euro ou la Banque nationale suisse (BNS), celle-ci fortement conditionnée par les actions de la Banque centrale européenne (BCE), vont maintenir des taux bas pendant quelques années encore.

Le pouvoir de traction des taux observé aux Etats-Unis se voit très peu en Europe. Personne ne souhaite que le crédit aux ménages et aux entreprises progresse, comme durant les années 2000, à une vitesse extrêmement élevée entraînant les problèmes rencontrés à l’heure actuelle. Ce pouvoir de traction des taux commence à agir actuellement, mais de manière lente. Il faudra alors passablement d’années pour que ses effets se concrétisent.

Les rémunérations des placements à revenus fixes vont donc rester faibles pendant quelque temps encore. Cette période de normalisation ne peut dès lors pas intervenir rapidement. Il est illusoire d’espérer que l’année prochaine ou dans deux ans la situation des rendements sera redevenue normale et que l’on pourra investir à nouveau comme ces 25 dernières années.

Réflexion concernant les rendements

Les performances des placements obligataires ont connu une période extrêmement faste. Depuis 1990, fin de la période haussière des années 80, les taux à dix ans de la Confédération n’ont fait que baisser avec quelques sursis depuis un niveau proche des 7%; ils se situent aujourd’hui presque à zéro. De ce fait, le rendement moyen annualisé sur toute période de dix ans s’est élevé, entre gains en capital et coupon, à 3,1% au minimum par an et 8,1% au maximum. Donc aucune période négative sur dix ans. Cependant, le coupon moyen des dix dernières années, de 2,4%, est proche de zéro à l’heure actuelle. Pour les investissements obligataires, le défi est donc de taille.

Du côté des actions, la performance annualisée du marché américain sur trente ans s’est élevée à 10,7%. En revanche, ces dix dernières années, elle a baissé aux alentours de 8%; en cause, l’année 2008 qui a frappé de plein fouet avec une «récession» profonde des bénéfices.

Quels rendements dans le futur?

Les taux d’intérêt se trouvent aujourd’hui en dessous de leur point d’équilibre, niveau qui se justifierait seulement dans le cas d’une déflation mondiale qui durerait pendant les dix à quinze prochaines années et qui nous pousserait à revoir nos convictions. Si les bas niveaux actuels semblent excessifs, quels seraient alors les scénarios pour un retour à l’équilibre? D’ici quatre à cinq ans, les rendements pourraient à nouveau avoisiner 2,0% pour une échéance à sept ans. Avec des taux réels à 1,2%, une inflation très basse et un petit risque de crédit, on peut espérer en Suisse avoir des taux d’intérêt moyens de l’ordre de 2%.

Rendement attendu à long terme: estimation des variables à l’équilibre

Cependant, quel que soit le scénario, la performance obligataire sur dix ans annualisée sera quasi identique et très modeste. Peu importe la normalisation du cycle monétaire et des politiques économiques au cours des prochaines années, à court terme ou à long terme, on constate que les placements obligataires vont peu performer durant les dix années à venir. La différence principale va se faire durant les cinq prochaines années.

Rendement attendu: obligations CHF

Pour les actions, si l’on prend en compte une croissance mondiale d’environ 3,3%, une inflation estimée légèrement au-dessus de 2% (perspectives conservatrices) et des rendements aux dividendes estimés à 3%, on peut espérer des rendements des actions annualisés d’environ 7%, y compris un effet de change négatif de 1% dû au renchérissement du franc suisse pour les investisseurs helvétiques. Actuellement, si l’on prend un benchmark en actions, soit 55% d’actions suisses et 45% d’actions internationales, traduit en francs suisses, la performance annualisée depuis vingt-cinq ans est de 7,6%; ceci en tenant compte des terribles années qu’ont été 2001-2002 et 2008. Nous pensons donc que les actions devraient s’apprécier de 6 à 7%, soit un peu en dessous de la performance réalisée par le passé, tout en prenant en considération le scénario de croissance attendue. Et même si les bénéfices vont croître de manière plus modérée au cours des prochaines années, la croissance est quand même là.

A ce jour, les marchés des actions sont tout de même plus proches de l’équilibre que les marchés obligataires. 

Optimiser les portefeuilles

En tenant compte des perspectives élaborées précédemment, nous avons posé plusieurs axes de réflexion en vue d’optimiser la performance des portefeuilles. Par exemple, en réduisant la pondération des obligations et en augmentant celle de l’immobilier direct dont les performances historiques s’élèvent en moyenne à 5,1% par an depuis 1998. S’il est vrai qu’aujourd’hui ces niveaux sont plus difficiles à atteindre, nous tablons sur un rendement moyen attendu de 3,5%, sans tenir compte des gains en capitaux, soit la valeur de rendement des nouvelles fondations. Nous conseillons aussi d’accroître quelque peu la part en actions et d’allonger l’horizon de placement ainsi que d’augmenter légèrement, et momentanément, la part des liquidités afin de diminuer encore le poids des placements obligataires, peu attrayants (Lire à ce sujet l'article: davantage de volatilité pour atteindre des performances positives).

Dès lors, en mettant en place nos mesures d’optimisation des portefeuilles – qu’il convient d’appliquer dans une optique à long terme (sept à dix ans) – nous obtenons des paramètres de rendement et risque augmentés tous les deux de 40 points de base, un rendement moyen au cours des dix prochaines années de 3,1% au lieu de 2,7% pour un risque moyen de 6,4%, respectivement 6,0%, un bilan passablement attrayant.