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Rétrospective 2022 - Perspectives 2023

2022, le choc des taux

  • Le brusque resserrement monétaire a fortement pesé sur le marché obligataire.
  • L’activité a fait preuve de résilience, mais l’inflation érode le pouvoir d’achat des ménages.

Soudain, les banques centrales ont fait volte-face. Longtemps attentistes face au retour de l’inflation, elles ont agi brusquement dès le printemps imposant un rythme de relèvement des taux parmi les plus élevés de l’histoire. Ainsi, pas moins de 280 annonces de hausse ont été enregistrées durant l’année. En cause, une progression des prix, jamais revue depuis 40 ans et engendrée par le redémarrage de l’activité après la crise sanitaire, par les mesures de relance excessives des autorités politiques et monétaires, par les engorgements des chaînes d’approvisionnement, ou encore par la guerre en Ukraine et ses conséquences notamment sur l’énergie et les matières premières.

 

Krach obligataire

Inflation, hausse des taux et incertitudes géopolitiques, les marchés n’ont guère goûté à ce cocktail. Si les actions ont vécu une année pénible, les obligations ont, elles, subi leur pire déroute depuis 1949. Ce krach obligataire s’est traduit par des hausses tout aussi importantes des rendements. Les bons du Trésor américain, qui avoisinaient 0,5% en 2020, ont culminé à 4,25% en 2022. L’immobilier indirect a également mal supporté la rapidité de la hausse des taux. Autre déconfiture, celle des cryptomonnaies, dont la valeur est passée de 3 000 milliards à 1 000 milliards de dollars.

Le dollar a, lui, remporté le titre de grand gagnant de l’année, juste devant les matières premières, qui ont faibli dans la dernière ligne droite. La force du billet vert explique en grande partie – avec la faible croissance chinoise – la contre-performance des marchés émergents. Le ralentissement de la demande mondiale et la politique de zéro COVID ont pesé sur l’économie chinoise et par conséquent sur celle du Sud-Est asiatique.

Si 2022 restera dans les annales pour avoir vu la population de la planète franchir le cap des 8 milliards d’humains, peut-être le restera-t-elle aussi pour avoir assisté au retour sur terre des géants de la technologie et des services à la communication. Hausse des taux, normalisation des comportements post-COVID et remise en question de certains modèles d’affaires expliquent des chutes boursières qui ont pu dépasser 60% sur un an, comme ce fut le cas pour Meta (Facebook). S’ils restent des incontournables des portefeuilles, ces titres, en chutant, ont laissé de la place pour des valeurs dites traditionnelles, à l’instar de celles de l’énergie, des matériaux de base ou de certaines branches industrielles.

 

La croissance en point de mire

Inflation, hausse des taux et incertitudes géopolitiques ont aussi pesé sur le pouvoir d’achat des ménages. En 2023, l’attention se portera ainsi sur l’évolution de l’activité, alors qu’en 2022, elle s’est concentrée sur la progression des prix et sur les actions des banques centrales. Après le choc de l’inflation (2021-2022), le choc des taux (2022), le choc de la croissance (2023)? L’économie a fait preuve de résilience cette année. Elle a notamment bénéficié de la dynamique avec laquelle elle est entrée dans 2022 et de la bonne tenue du marché du travail. Toute victoire sur l’inflation exige cependant un recul de l’emploi et donc de la croissance. L’incertitude pour l’exercice qui s’annonce réside ainsi dans la gestion de ce changement de cycle.
 

2023, une année en deux temps

  • Les banques centrales vont poursuivre leur action, mais à un rythme moins soutenu.
  • Les marchés pourraient rebondir en cours d’année.
  • Le ralentissement de l’activité devrait engendrer une récession modérée au premier semestre.

Difficile d’aborder 2023 sans évoquer la récession qui s’annonce, mais les vœux pour cette nouvelle année contiennent aussi de moins mauvaises nouvelles. Le recul de l’activité devrait en effet être plutôt modéré et de nouvelles opportunités d’investissement se dessiner.

La force du coup de frein économique constitue l’inconnue principale à l’heure où les mesures monétaires prises en 2022 agiront sur la croissance. Les indicateurs avancés ne pointent pas vers une récession profonde, surtout que le ralentissement de l’activité ne devrait pas être aggravé par une crise financière. L’économie ne présente en effet pas de déséquilibres majeurs, comme le fut l’endettement des ménages en 2008.
 

Année désinflationniste

Après une année 2022 fortement inflationniste, 2023 s’annonce désinflationniste. La hausse des prix ralentira, mais demeurera à des niveaux élevés. L’effet de base – comparaison avec 2022 – en atténue le rythme, tout comme le ralentissement de l’activité, qui permet la maîtrise des salaires, le désengorgement des chaînes d’approvisionnement ou encore la stabilisation des prix de certaines matières premières.
 

Inflexion des taux

Les banquiers centraux poursuivront leur resserrement monétaire, mais à un rythme moins soutenu qu’en 2022. Après de nouvelles hausses des taux en début d’année, ils seront amenés à jauger l’impact de leur politique sur l’inflation et la croissance. Concentrée en 2022 sur la hausse des prix, l’attention des autorités monétaires se portera aussi sur la dynamique de l’activité afin de ne pas la laisser sombrer. Enregistrera-t-on en 2023 déjà un mouvement de baisse des taux – notamment aux États-Unis – pour relancer la croissance? La réponse prendra forme en cours d’année, si la visibilité s’améliore.
 

Flexibilité indispensable

Dans cet environnement incertain, les investisseuses et les investisseurs doivent scruter l’évolution des statistiques économiques afin de ne pas manquer le mouvement d’inflexion des politiques monétaires, qui marquera le début du prochain cycle économique.

Les périodes de transition, caractérisées par un manque tenace de tendance, exigent encore davantage de flexibilité qu’habituellement. Surtout que, si le pire des scénarios peut survenir, soit une forte récession et une inflation élevée, un bien meilleur est aussi possible, soit une maîtrise de la croissance et de l’inflation.

Au moment d’aborder la nouvelle année, la situation sur les marchés s’avère en fait meilleure qu’elle ne l’était il y a douze mois. Les taux expriment mieux la réalité économique. Les valorisations ont retrouvé des niveaux plus raisonnables. Ceci dit, l’exercice ne s’annonce pas de tout repos. S’ils ont pris en compte les projections irrégulières de l’inflation et les taux, les marchés n’ont pas encore totalement intégré la nature du ralentissement économique attendu en 2023 et ses effets sur les bénéfices des entreprises. Toute déception dans la publication des différentes données économiques accentuera la volatilité.

Les investisseuses et les investisseurs doivent ainsi s’attendre à vivre encore quelques périodes difficiles en début d’année. Puis, dès que le marché apercevra l’émergence du nouveau cycle, de nouvelles opportunités d’investissement se présenteront.

Dans cet environnement en deux temps, les obligations et l’immobilier indirect devraient remplir leur fonction défensive dans les portefeuilles en début d’année, avant que les actions ne prennent le relais dès l’amélioration des perspectives économiques. Ce pourrait être à l’arrivée des beaux jours.