- Le brusque resserrement monétaire a fortement pesé sur le marché obligataire.
- L’activité a fait preuve de résilience, mais l’inflation érode le pouvoir d’achat des ménages.
Soudain, les banques centrales ont fait volte-face. Longtemps attentistes face au retour de l’inflation, elles ont agi brusquement dès le printemps imposant un rythme de relèvement des taux parmi les plus élevés de l’histoire. Ainsi, pas moins de 280 annonces de hausse ont été enregistrées durant l’année. En cause, une progression des prix, jamais revue depuis 40 ans et engendrée par le redémarrage de l’activité après la crise sanitaire, par les mesures de relance excessives des autorités politiques et monétaires, par les engorgements des chaînes d’approvisionnement, ou encore par la guerre en Ukraine et ses conséquences notamment sur l’énergie et les matières premières.
Krach obligataire
Inflation, hausse des taux et incertitudes géopolitiques, les marchés n’ont guère goûté à ce cocktail. Si les actions ont vécu une année pénible, les obligations ont, elles, subi leur pire déroute depuis 1949. Ce krach obligataire s’est traduit par des hausses tout aussi importantes des rendements. Les bons du Trésor américain, qui avoisinaient 0,5% en 2020, ont culminé à 4,25% en 2022. L’immobilier indirect a également mal supporté la rapidité de la hausse des taux. Autre déconfiture, celle des cryptomonnaies, dont la valeur est passée de 3 000 milliards à 1 000 milliards de dollars.
Le dollar a, lui, remporté le titre de grand gagnant de l’année, juste devant les matières premières, qui ont faibli dans la dernière ligne droite. La force du billet vert explique en grande partie – avec la faible croissance chinoise – la contre-performance des marchés émergents. Le ralentissement de la demande mondiale et la politique de zéro COVID ont pesé sur l’économie chinoise et par conséquent sur celle du Sud-Est asiatique.
Si 2022 restera dans les annales pour avoir vu la population de la planète franchir le cap des 8 milliards d’humains, peut-être le restera-t-elle aussi pour avoir assisté au retour sur terre des géants de la technologie et des services à la communication. Hausse des taux, normalisation des comportements post-COVID et remise en question de certains modèles d’affaires expliquent des chutes boursières qui ont pu dépasser 60% sur un an, comme ce fut le cas pour Meta (Facebook). S’ils restent des incontournables des portefeuilles, ces titres, en chutant, ont laissé de la place pour des valeurs dites traditionnelles, à l’instar de celles de l’énergie, des matériaux de base ou de certaines branches industrielles.
La croissance en point de mire
Inflation, hausse des taux et incertitudes géopolitiques ont aussi pesé sur le pouvoir d’achat des ménages. En 2023, l’attention se portera ainsi sur l’évolution de l’activité, alors qu’en 2022, elle s’est concentrée sur la progression des prix et sur les actions des banques centrales. Après le choc de l’inflation (2021-2022), le choc des taux (2022), le choc de la croissance (2023)? L’économie a fait preuve de résilience cette année. Elle a notamment bénéficié de la dynamique avec laquelle elle est entrée dans 2022 et de la bonne tenue du marché du travail. Toute victoire sur l’inflation exige cependant un recul de l’emploi et donc de la croissance. L’incertitude pour l’exercice qui s’annonce réside ainsi dans la gestion de ce changement de cycle.