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L’économie romande subit les effets de la nouvelle politique commerciale américaine. Après une hausse de son produit intérieur brut (PIB) attendue à 1,6% en 2025, la croissance pourrait reculer à 0,9% en 2026, selon la dernière étude sur le PIB romand publiée par les six banques cantonales romandes en collaboration avec le Forum des 100 du quotidien Le Temps. En cause: les droits de douane additionnels de 39% annoncés le 1er août dernier sur une partie des produits suisses et romands exportés aux États-Unis, ainsi qu’un degré d’incertitude très élevé. Pour l’ensemble du pays, le Secrétariat d’État à l’économie (SECO) attend une croissance de 1,3% cette année et de 0,9% l’an prochain.
Le changement de politique commerciale américaine constitue un nouveau défi pour la Suisse romande. Grâce à la robustesse de la demande domestique, ainsi qu’à son ouverture et au succès sur les marchés étrangers, elle a bénéficié depuis le début du siècle d’un formidable succès sur le plan économique. Son produit intérieur brut (PIB) a augmenté de moitié entre 2005 et 2024, et l’emploi de 40%, plus que la plupart des économies avancées. La région, comme le pays dans son ensemble, est parvenue à surmonter les nombreuses crises qui se sont présentées durant ces deux décennies, de la grande crise financière mondiale à la pandémie de COVID-19. Mais leur ouverture les expose aussi aux aléas de la conjoncture mondiale et aux effets des politiques protectionnistes.
Les perspectives pourraient toutefois évoluer. Un résultat positif des négociations avec Washington, toujours en cours à l’heure d’écrire ces lignes, serait ainsi une bonne nouvelle: les taxes douanières pourraient être abaissées sur les montres, la bijouterie et la joaillerie, sur les instruments de précision ou sur les produits de la medtech ou de l’industrie alimentaire. En ce qui concerne les produits de l’industrie pharmaceutique, un certain flou subsiste, entre exonération, négociations, annonce d’accords avec plusieurs compagnies et menace de taxes à l’importation de 100% pour certaines entreprises ne produisant pas aux États-Unis (médicaments de marque ou brevetés).
La Suisse et la Suisse romande ne sont pas les seules concernées. Les autres partenaires économiques des États-Unis se sont aussi vu imposer des droits de douane sur leurs exportations aux États-Unis. Les taxes auxquelles sont confrontées les entreprises exportatrices suisses et romandes sont toutefois souvent plus élevées que celles qui touchent leurs concurrents d’autres pays, ce qui réduit leur compétitivité-prix. La baisse du cours du dollar, de plus de 10% par rapport au franc depuis le début de l’année, constitue un obstacle supplémentaire.
Cependant, les stocks constitués aux États-Unis et le recours au chômage partiel dans certains cas permettent de contenir, au moins partiellement et provisoirement, les effets de la hausse des taxes à l’exportation sur le marché américain. De plus, la zone euro est la première destination des exportations suisses et romandes (respectivement 37,4% et 31,1%). L’Asie (sans le Moyen-Orient) est également une destination clé (26,6% et 28,0%) et pèse même plus que les États-Unis (16,8% et 19,4%). Ces derniers ont toutefois gagné en importance au cours des dernières années en raison de la faiblesse de la conjoncture en Europe ou en Chine.
Alors que les États-Unis ont soutenu la croissance mondiale ces dernières années, ils devraient aussi connaître un tassement de l’activité, tandis que la conjoncture ne va guère s’améliorer dans la zone l’euro. Les nouvelles prévisions du Fonds monétaire international (FMI) sont plus basses que celles établies avant le changement de cap de la politique commerciale américaine. La croissance mondiale devrait donc ralentir, passant de 3,3% en 2024 à 3,2% en 2025 et à 3,1% en 2026. Ce contexte contribue également à l’abaissement des prévisions pour la Suisse et la Suisse romande.
En revanche, la demande intérieure demeure solide. Le taux de chômage, même s’il est remonté depuis ses plus bas de 2023, demeure relativement peu élevé, à 2,8% en septembre en Suisse et à 4,0% en Suisse romande. L’inflation est faible, à 0,2% en rythme annuel en septembre, de même que les taux d’intérêt après l’assouplissement de la politique monétaire de la Banque nationale suisse (BNS), dont le taux directeur est passé de 1,75% à 0% entre mars 2024 et juin 2025.
Le PIB est la mesure de la performance économique d’un pays ou d’un territoire la plus utilisée. Cet indicateur essentiel permet d’analyser l’évolution dans le temps et d’effectuer des comparaisons entre régions; il peut aussi faire l’objet de prévisions. Le PIB romand est publié depuis 2008 par les six banques cantonales romandes en collaboration avec le Forum des 100. Il couvre les années 1997 à 2024 et des prévisions pour l’année en cours et la suivante. Les calculs sont réalisés selon une méthode rigoureuse et transparente par l’Institut Quantitas pour l’analyse et la prévision économiques de la HES-SO.
→ Télécharger l'étude sur le PIB romand 2025