La vague d’emprunts incorporant des critères ESG a surtout été alimentée par des émetteurs étatiques.

MARCHÉS 19 janvier 2022

La gamme des obligations ESG s’étend et se diversifie

Le succès des obligations incorporant des critères ESG ne se dément pas. À la forte hausse des volumes s’ajoute la grande diversification des émissions.

Ces deux dernières années, nous avons assisté à l’arrivée de volumes impressionnants d’obligations dites «vertes», qui sont désormais émises de manière récurrente. Cette vague d’emprunts incorporant des critères environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG) a surtout été alimentée par des émetteurs étatiques, suivis par des émetteurs privés. Il s’agit en grande partie d’obligations standards, c’est-à-dire avec un coupon et une maturité fixe et, dans quelques cas seulement, d’emprunts avec des options de résiliation anticipée.

Des obligations «vertes» et innovantes

Depuis décembre 2020, de nouveaux types d’obligations soumises aux Green Bond Principles (GBP) de l’International Capital Market Association (ICMA) ont fait leur apparition sur les marchés. La Bank of China a notamment lancé une obligation comportant des clauses dites de succès. Autrement dit, les buts à atteindre pour chacun des sous-jacents sont mesurés périodiquement. Si ceux-ci sont atteints, l’émetteur a le droit de réduire le coupon et, de ce fait, les intérêts payés aux détenteurs.

Holcim: produire du ciment de manière plus écologique

Le cimentier Holcim est le dernier arrivé dans le segment des obligations ESG. Le 12 janvier 2022, il a lancé une obligation dite de transition, car il n’est actuellement pas encore en position d’émettre des obligations «vertes» à proprement parler. Ces obligations sont indexées sur la réduction de la quantité de CO2 émise lors de la production de ciment. À terme, Holcim espère pouvoir produire du ciment de manière plus écologique et, si les objectifs sont atteints, il pourra à l’avenir émettre des obligations «vertes». Le groupe a émis deux obligations simultanément. S’il atteint ses objectifs, ces obligations ne seront pas pénalisées; en revanche, si les objectifs ne sont pas atteints, le cimentier sera obligé de payer une surprime aux investisseurs. Il s’agit donc d’un modèle d’émission ESG différent, qui est en fait l’inverse de celui proposé par la Bank of China. Dans le cas de cette dernière, la structure de l'emprunt se focalise sur l'émetteur, tandis que dans celui du cimentier le focus est plutôt sur l'investisseur. Il est clair que, dans les deux cas, le but reste de créer des incentives pour atteindre des objectifs de durabilité, et ce quel que soit le mécanisme proposé

Objectif final: réduire l’empreinte écologique

Ce type d’obligations va sûrement être utilisé de plus en plus souvent dans le marché primaire pour des levées des fonds en 2022. Les émetteurs viendront certainement avec le même genre de structure, voire d’autres, plus innovantes, comme ce fut le cas par le passé avec les obligations qui indexaient leur coupon sur leur propre rating. Ces émissions, dont le but principal est l’atteinte des objectifs fixés afin de réduire l’empreinte écologique des entités émettrices, intéressent un nombre croissant d’investisseuses et investisseurs soucieux d’avoir un impact sur la transition de l’économie vers plus de durabilité. Ils offrent en outre aux entreprises un potentiel pour de diversification des sources de financement

Publié dans le commentaire hebdomadaire "Matinale Express - Actions" de la salle des marchés de la BCV, le 18 janvier 2022