Le marché international des céréales est conséquent.

MARCHÉS 10 décembre 2019

Covantis, naissance d’un géant céréalier

Grâce à la technologie de la blockchain, Covantis va permettre à ses fondateurs de renforcer considérablement leur productivité.

La semaine dernière, plusieurs géants actifs dans le domaine des céréales ont lancé à Genève une nouvelle plateforme baptisée Covantis, destinée à renforcer l’efficacité du commerce mondial des grains. Basée sur une technologie décentralisée (blockchain), Covantis a pour mission de renforcer considérablement la productivité de ses fondateurs, les américains Cargill, Archer Daniels Midland (ADM) et Bunge, le chinois Cofco International, le néerlandais Louis Dreyfus et l’australien Glencore Agriculture. 

Un marché international conséquent

Le marché international des céréales est conséquent. Avec ses 155 000 collaborateurs, Cargill affiche un chiffre d’affaires annuel de 114 milliard de dollars. En 2018, les ventes d’ADM ont dépassé les 64 milliards de dollars et celles de Bunge les 45 milliards. La création de Covantis doit rendre leurs opérations plus efficaces sur les flux de produits agricoles par voie maritime. Les trop nombreux courriels et documents qui suivent chaque transaction seront remplacés par cette nouvelle structure. Celle-ci permettra de diminuer de 60% les tâches exécutives, en évitant les répétitions, et de réduire les risques d’erreur, tout en travaillant plus vite. 

Les atouts de la blockchain

Dans l’univers des matières premières, les initiatives autour de la blockchain se multiplient. Et toutes promettent des gains d’efficacité, une logistique simplifiée, une transparence accrue et des coûts réduits. Selon Mercuria Energy, une société active dans le négoce de pétrole, également basée à Genève, la blockchain peut réduire les coûts des transactions de 30%-40%. La compagnie d’inspection Bureau Veritas estime de son côté que la technologie décentralisée peut permettre de finaliser une transaction en seulement quatre jours, au lieu de quatorze. 

L’attrait de l’arc lémanique

La société genevoise Komgo avait proposé un service similaire en septembre dernier, basé sur le financement du négoce des énergies fossiles. Une dizaine de transactions portant sur des cargaisons de pétrole pour un montant total d’un demi-milliard de francs ont déjà été effectuées via cette plateforme. Farmer Connect, également créée à Genève il y a deux mois, permet de simplifier la chaîne d’approvisionnement sur le marché du café. Elle peut retracer le parcours de chaque sac de grains et suivre en temps réel les cargaisons, permettant ainsi aux torréfacteurs de mieux gérer leurs stocks. Depuis octobre, UBS donne accès à we.trade, une plateforme basée sur la blockchain visant à faciliter les transactions financières pour le négoce international de marchandises. Elle est la première banque suisse à proposer ce service, au sein d’un consortium de 13 autres banques européennes. À noter que, à l’exception de Glencore Agriculture, toutes les multinationales qui soutiennent Covantis sont présentes à Genève, témoignant de l’attrait mondial de l’arc lémanique pour le négoce et le financement du commerce international.

Publié dans le commentaire hebdomadaire "Matinale Express - Actions" de la salle des marchés de la BCV, le 10 décembre 2019