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Empire du Milieu, empire des milliards, empire millénaire

L'économie mondiale tourne désormais autour de la Chine. Et tout comme le soleil attire les planètes, l'attraction gravitationnelle de l'économie chinoise touche chacun d'entre nous, sans que nous en mesurions forcément toute l’intensité. Les récentes annonces par Pékin de répression réglementaire dans différents domaines d’activités ne vont rien changer à cette réalité.

Les objectifs de la Chine n’ont pas changé

Certes, ces mesures marquent les esprits par leur fulgurance et leur brutalité. Mais elles ne font que traduire la volonté exprimée depuis plusieurs années par les autorités d’établir un modèle économique plus inclusif. À ce titre, elles s’inscrivent dans le prolongement des plans de lutte anticorruption ou de la mise au pas de Macao et de son industrie du jeu au milieu des années 2010. Mais elles ne remettent nullement en question la transformation de la Chine et sa quête de croissance qui ont été les préoccupations constantes du gouvernement au cours des quatre dernières décennies. Pas plus que l’intérêt des investisseurs à s’exposer au deuxième plus important marché financier de la planète. Alors que l’on a tendance à se concentrer sur les derniers commentaires de Pékin, il est important de prendre du recul et d'analyser les événements récents dans une perspective plus large.

Un passé glorieux suivi d’un long déclin

La Chine n’a au fond qu’une ambition. Redevenir la grande puissance qu’elle fut il y a fort longtemps. L’Empire du Milieu peut en effet s'enorgueillir d'une civilisation ancienne, remontant à plus de 4 000 ans, à l’origine d’inventions technologiques majeures telles que la boussole, l'imprimerie à caractères mobiles, le papier et la poudre à canon. Aux XVe et XVIe siècles, la Chine représentait 25% à 30 % de la richesse mondiale avant de subir un long déclin, ramenant la taille de son économie à moins de 5% du PIB mondial dans les années 1950-1960.

Un redressement express et méthodique

Depuis le début des années 1980, l'économie chinoise s'est fortement redressée, grâce à la mise en œuvre de profondes réformes de l'économie de marché, le «capitalisme aux caractéristiques chinoises», sous la direction de Deng Xiaoping, alors dirigeant de la Chine. Cette reconquête a été conduite de façon méthodique. Avec comme point de départ la construction de gigantesques infrastructures, puis l’édification d’un appareil industriel puissant et, enfin, l’adhésion à l’Organisation mondiale du commerce (OMC) qui, en levant les barrières douanières, a permis à la Chine d’inonder la planète avec ses produits manufacturés. Le succès de cette stratégie se reflète dans le décollage spectaculaire du PIB chinois au début du nouveau millénaire. Aujourd'hui, la Chine représente environ 19% de l'économie mondiale, et de nombreux économistes prévoient qu'elle dépassera les États-Unis en tant que première puissance d'ici une dizaine d'années.

Repositionnement sur la chaîne de valeur

Le boom économique de la première décennie des années 2000 a généré de profonds changements dans la société chinoise. L’un des plus spectaculaires a été l’émergence d’une immense classe moyenne sollicitant des services de plus en plus sophistiqués, ce qui a permis à l’économie chinoise de trouver de nouveaux relais de croissance sur le marché intérieur et de se positionner plus haut sur la chaîne de valeur. D’atelier du monde, elle se mue ainsi en marché du monde.

Virage numérique habilement négocié

La croissance et le potentiel d’innovation des plateformes numériques locales ont été l'une des évolutions les plus significatives de ces dernières années et un facteur clé de la transformation de la Chine d'un centre manufacturier mondial en une économie de pointe prospérant grâce à l'innovation. Selon l'Académie chinoise des technologies de l'information et des communications, l'économie numérique représentait 36% du PIB de la Chine en 2019. Elle connaît une croissance trois fois plus rapide que les secteurs manufacturiers. Les sociétés technologiques chinoises ont récolté les avantages d'une toile de fond réglementaire jusqu’ici extrêmement favorable, d'une fiscalité avantageuse et de l'accès aux capitaux étrangers.

Vers une croissance plus équilibrée, à l’abri des diktats américains

Cet environnement en rapide mutation demandait un ajustement, selon Pékin. D’où les changements intervenus depuis l’an dernier. Ainsi, compte tenu de son stade de développement actuel, la Chine met désormais l’accent sur la «prospérité commune» et sur une expansion économique plus équilibrée, par opposition à l'objectif antérieur de croissance rapide. La rivalité grandissante avec les États-Unis joue par ailleurs également un rôle central dans les offensives réglementaires actuelles. Si la trajectoire de croissance transformatrice de la Chine pose des défis intérieurs, elle suscite également des inquiétudes pour le reste du monde, notamment pour les États-Unis. La Chine est devenue un concurrent stratégique. Des tensions sont apparues sur des questions commerciales et économiques, puis se sont étendues aux fronts technologique, géopolitique, idéologique et financier. En conséquence, la répression réglementaire de Pékin s'est concentrée sur les industries ayant des liens plus forts avec l'étranger, qui plus est, si elles sont actives dans des secteurs très sensibles.

Un interventionnisme un peu brouillon

Mais cette reprise en main a rencontré des obstacles inhérents au fonctionnement actuel des autorités chinoises. Le manque de coordination entre les différents régulateurs et institutions, les priorités contradictoires et les luttes de pouvoir ont conduit à un examen réglementaire par à-coups, envoyant des messages ambigus aux investisseurs. Ces cafouillages ont abouti à des excès et à des corrections sur les marchés. L’interventionnisme, parfois brouillon, de Pékin ne doit néanmoins pas faire perdre de vue l'opportunité unique qu’offre la Chine dans une optique de moyen et de long terme.

L'innovation technologique, plus que jamais

Les investisseurs mondiaux peuvent en effet trouver de bonnes perspectives dans les moteurs fondamentaux de la Chine, tels que la croissance soutenue du secteur de la consommation, l’essor du commerce intra-asiatique stimulé par la réhabilitation des routes de la soie, l’ouverture toujours plus importante des marchés financiers aux capitaux étrangers et, surtout, le dynamisme de l'innovation technologique. Car, que l’on ne s’y trompe pas: la Chine ne souhaite pas brider, mais libérer l’innovation, conformément à son plan stratégique «Made in China 2025». En brisant les quasi-monopoles de ses champions numériques, la Chine met en place un cadre plus favorable à l’émergence de nouveaux acteurs dans les dix domaines clés où elle entend assumer un leadership mondial à brève échéance, comme les véhicules économes en énergie, le spatial, la bioscience, la robotique ou l’intelligence artificielle.

Un marché trop grand pour être ignoré

La capacité d’innovation et les atouts structurels de la Chine nous rendent toujours optimistes vis-à-vis des opportunités d'investissement sur ce marché. Alors que l’Empire du Milieu fait beaucoup parler de lui, la plupart du temps de manière négative, les investisseurs devraient profiter de la volatilité actuelle pour adopter une vision plus constructive à l’égard d’un marché qui reste attractif et qui est devenu beaucoup trop important pour être ignoré dans les portefeuilles.