L’investissement factoriel fonctionne, c’est ce qu’a démontré le professeur de finances de l’Université de Zurich, Thorsten Hens, lors d’une conférence organisée par la BCV au salon Finanz’17.
«Qu’est-ce qui fait bouger la Bourse?» A la question du professeur Thorsten Hens, la salle du Kongresshauss de Zurich a d’abord répondu: Trump. Le public venu assister à la conférence du professeur de finances de l’Université de Zurich organisée par la BCV au salon Finanz’17 a ajouté d’autres facteurs capables d’influencer les investisseurs et les marchés. Thorsten Hens pouvait poursuivre sa démonstration: l’investissement factoriel, désormais populaire, fonctionne.
L’évolution des marchés, a-t-il rappelé, dépend de facteurs rationnels et de facteurs comportementaux. Il prend l’exemple d’une assurance auto. Car finalement, c’est bien de cela qu’il s’agit dans les deux cas: de risques et de leur gestion. On se couvre par rapport aux dommages potentiels dans un accident. Si on n’est pas assez assuré, on peut avoir peur, une attitude qui peut engendrer un stress supplémentaire et provoquer un accident. On peut aussi tenir à sa voiture pour des raisons non matérielles et surestimer le prix de son assurance. Idem sur les marchés. C’est ce que démontre la finance comportementale: «il y a des risques pour lesquels le marché est prêt à payer des primes irrationnelles, car l’investisseur moyen a une peur exagérée des crises».
Approche systématique
Il s’agit d’en tenir compte lors de la construction d’un portefeuille: ne pas compter que sur la présence ou non d’actions, d’obligations ou d’autres classes d’actifs, mais organiser son investissement en fonction d’un certain nombre de facteurs qui expliquent les mouvements de marchés et déterminent les primes de risque. «L’investissement factoriel est en fait une manière systématique de générer des rendements des primes de risque et anomalies comportementales», résume-t-il.
Et si cette approche factorielle séduit particulièrement aujourd’hui, c’est en raison de la crise de 2008 et de ses conséquences. Perte de confiance envers certains types d’investissement et quête de performance sur des marchés caractérisés par des taux bas, explique en substance Thorsten Hens. Choisir cette voie, c’est opter pour une solution entre un investisseur passif, qui suit le marché, et celui d’un investisseur actif qui opère sous mandat, poursuit le professeur qui estime que l’investissement factoriel propose des règles claires et transparentes dans sa manière de chercher du rendement.
Données fiables
Il est, bien sûr, revenu sur les différentes théories qui ont façonné cette approche nouvelle d’une vingtaine d’années sur les marchés et qui séduit alors que les investisseurs sont à la recherche de sources alternatives de rendement. Notamment sur les travaux des professeurs Eugen Fama et Kenneth French qui ont démontré, analyse de corrélations à l’appui, que les rendements d’un actif financier dépendent d’un certain nombre de facteurs de risque. De trois, on est passé aujourd’hui à plusieurs centaines. Mais, précise Thorsten Hens, «huit suffisent à couvrir le marché des actions». Lesquels? Il plaisante, en disant peu importe. L’essentiel en fait, poursuit-il, est que ces facteurs soient différents les uns des autres et que l’on ait suffisamment confiance dans les données les caractérisant. Car elles sont à la base de l’analyse.
A la question de savoir si cette approche s’applique à toutes les classes d’actifs, il se dit convaincu que oui. Après, il s’agit de choisir les bons facteurs parmi les notions de taille, de qualité, Value, Momentum, crédit, volatilité, etc. Il démontre ainsi que la même stratégie appliquée aux actions ou aux matières premières donnera des résultats différents. Il lance d’ailleurs: «ce n’est pas pour rien que Warren Buffett applique la stratégie Value aux actions». Il note encore que le Momentum sied particulièrement aux matières premières.
Comme lors de tout investissement, en fait, conclut-il, il s’agit d’assurer une certaine diversification.